« Aujourd'hui, ils m'ont obligée à aller à l'enterrement de ma sœur »
Ainsi commence ce roman qui raconte l’histoire d’Hephzibah et de Rebecca, deux sœurs qui ont été gardées captives de leur maison pendant de longues années, terrorisées un père tyrannique et laissées à leur sort par une mère sans volonté. Lorsqu’elles obtiennent miraculeusement la permission de poursuivre leur scolarité au lycée alors qu’elles ont 16 ans, elles découvrent un monde qu’elles ne pouvaient qu’imaginer et, si Rebecca, handicapée de naissance et très discrète de nature, ne sort pas des sentiers balisés par leurs parents, Hephzibah a une soif de liberté dangereuse. En effet, bien que leur père possède une aura de perfection étant donné son statut de vicaire, ses méthodes sont d’une cruauté sans nom et il ne voit pas d’un bon œil cette volonté de fréquenter d’autres jeunes et de repousser les limites qu’il a lui-même instaurées. Si les deux sœurs rêvent de s’affranchir, leur naïveté quand aux choses de la vie les conduira à leur perte…
Roman à deux voix, celle d’Hephzibah qui raconte les événements ayant eu lieu avant sa mort et celle de Rebecca qui raconte l’après, Des bleus au cœur est un récit dur dont les 315 pages sont chargées d’émotions. La maltraitance et les dérives religieuses sont au cœur de l’histoire qui s’adresse à des lecteurs avertis.
Mon avis
Tout d’abord, âmes sensibles, abstenez-vous. Si le roman est bien mené, l’écriture fluide et le récit intéressant dans sa structure, sachez que les châtiments, les coups et les attaques psychologiques dont sont victimes les deux soeurs sont décrits avec un grand réalisme qui, s’il ne tombe pas dans l’extrême et dans le visuel, plonge le lecteur dans l’horreur de la maltraitance avec une grande efficacité. La lecture est d’ailleurs difficile tant la souffrance est palpable et tant on voudrait pouvoir aider, tant on se demande comment les personnages peuvent être aveugles à ce point. J’ai personnellement été révoltée à plusieurs occasions devant cette histoire qui pourrait arriver partout et qui arrive, bien souvent, plus près que l’on ne pourrait le penser. D’ailleurs, je me dis qu’une fiction comme celle-ci, intéressante, bien construite et poignante, peut peut-être aider le lecteur à être plus attentif aux signes chez les gens qu’il côtoie.
En bref? Un roman très dur, mais aussi fort bien mené, une construction intéressante et un propos pertinent dans la société d’aujourd’hui où on fait parfois trop confiance aux apparences…
Si vous avez aimé, vous pourriez être tenté par Le ciel tombe à côté et Boys don't cry.
Merci aux éditions Plon pour le roman!
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