Quand Dante ouvre la porte ce matin-là, c’est le résultat de ses examens et la réalisation de son rêve d’entrer à l’université qu’il attend. Toutefois, c’est Mélanie, une adolescente avec qui il a eu une aventure deux ans auparavant, qui débarque dans sa vie. Et elle n’est pas seule : en effet, en une demi-heure, Dante apprend qu’il a une fille et que, Mélanie n’étant plus capable de s’en occuper, il devra en prendre soin tout seul. En colère face à ces nouvelles responsabilités et sans attachement inné pour Emma, Dante se retrouve complètement démuni. Son père tentera de l’aider, après l’avoir traité de crétin à de multiples reprises, mais il est déjà très occupé avec les ennuis de santé du frère de Dante, Adam. Ce dernier est celui qui s’attachera le plus rapidement à la gamine, mais ses propres problèmes liés à l’homophobie de son entourage l’éloigneront de la famille et Dante se retrouvera à devoir gérer beaucoup plus que ce qu’il pensait pouvoir faire.
Roman à deux voix et à l’intrigue double, Boys don’t cry est une œuvre réaliste qui traite des thèmes de la parentalité, de la famille, de l’homophobie, de la responsabilisation. L’alternance des narrations entre Dante et Adam crée un rythme intéressant et permet une identification à l’un ou l’autre des univers qui se côtoient, mais sont bien différents l’un de l’autre. Les lecteurs intermédiaires et avancés s’y retrouveront.
Mon avis
Je suis personnellement restée en marge de l’histoire la majorité du temps, n’arrivant à m’identifier ni à l’un ni à l’autre des personnages principaux. Parce que je suis une fille? Peut-être. Je ne peux nier que l’écriture est fluide et que le rendu est très réaliste - d’ailleurs,
Nicholas Bavard a été emporté par cette histoire -, mais la magie n’a pas opéré. Dommage parce que les thèmes traités sont rares et très pertinents. J’aime voir un adolescent se retrouver avec le bébé sur les bras, et qu’il ne s’en entiche pas au premier regard, j’aime voir une famille monoparentale autour du père, j’aime qu’on me parle de l’homophobie qui reste encore, celle qui est sournoise et qui frappe même ceux qui s’assument pleinement.
Je dois toutefois avouer que la plume de Malorie Blackman a trouvé son chemin et qu’à deux reprises j’ai été emportée par un tourbillon d’émotions. En effet, j’ai craqué pour la petite Emma qui débarque dans un univers uniquement masculin ou la perte de la mère a déjà laissé des traces. Son arrivée réveille plusieurs douleurs dans cette famille où les sujets fâcheux sont systématiquement évités et le tout est traité avec beaucoup d’authenticité. Dante est complètement démuni face à l’arrivée du bébé, en colère après Mélanie, égoïste aussi et pas du tout attendri par celle qu’il n’est pas capable d’appeler sa fille, mais la vie avec elle finira par modifier sa vision. Et là, j’ai été touchée. Profondément. Et puis j’ai été en colère, vraiment, en voyant ce qui arrive à Adam. En voyant un côté de la société d’aujourd’hui qui est encore laide, qui ne s’assume pas, qui fait souffrir pour ne pas souffrir. Horrible, mais pertinent puisque ouvrant la réflexion.
En bref? Un roman nécessaire, deux histoires distinctes qui se croisent et s’entrecroisent dans une dynamique familiale rare en littérature jeunesse.
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Merci aux éditions Milan et à Nicholas pour le roman !
Bonjour Sophie,
Génial ton article! Je crois que tu auras réussi un tour de maître en donnant le goût à tous tes lecteurs de plonger dans ce récit poignant et poétique à la fois. Merci et à bientôt :)