Billet rédigé par Eve Patenaude
Ses parents ne sachant plus quoi faire pour régler son problème d’insomnie chronique (et les écarts de conduite qui en découlent), Jack, 15 ans, est envoyé contre son gré dans un camp de vacances au fin fond du Colorado. Redrock est reconnu pour ses méthodes de rééducation particulièrement efficaces, peu importe de quoi souffre le jeune qui lui est confié. En arrivant là-bas, Jack rencontre un suicidaire, un obsessif-compulsif maniaque de propreté, un bagarreur impulsif, un énurétique et une flamboyante kleptomane dont il tombe immédiatement amoureux. La vie s’annonce dure au camp, chapeauté par le mystérieux docteur Krampus et sa famille. Travaux forcés, nourriture immangeable, communication coupée avec le monde extérieur tracassent les pensionnaires. L’inquiétude se mue en angoisse lorsqu’ils commencent leur traitement, qui les vide étrangement de toute leur vigueur. Chose plus troublante encore, lorsqu’il est envoyé « au baquet », Jack ressent l’effet inverse : ses forces sont décuplées, l’énergie bouillonne dans ses veines, et de curieux phénomènes se produisent. Pourquoi est-il le seul à ressentir cela alors que les autres tombent comme des mouches autour de lui? Mais la véritable question devrait être : qui est-il vraiment?
Roman fantastique narré au « je », ce pavé de 623 pages plaira aux lecteurs intermédiaires boulimiques de livres. Les onomatopées qui ponctuent le texte, imprimées dans une police différente, le dynamisent, mais pourraient aussi agacer un public plus avancé qui y verrait un procédé stylistique un peu enfantin. Amour, quête d’identité, créatures surnaturelles et mutation sont au menu. Plusieurs questions restent en suspens; trois autres tomes suivront celui-ci, un pour chaque saison (déjà parus chez un autre éditeur en France).
Mon avis
Le début est un peu lent (vous me direz que ce n’est pas étonnant pour une brique de cette envergure), ce qui n’est pas un reproche en soi. Ce qui m’a dérangée, c’est qu’on a longtemps l’impression d’avoir affaire à un récit réaliste avant qu’apparaisse le côté fantastique annoncé par le titre et le résumé en quatrième de couverture. Plusieurs idées sont sympathiques (par exemple, le recours à des personnages historiques, qui nous sont présentés différemment à la lumière de nouvelles données proposées par le récit), mais elles semblent plaquées et s’intègrent lourdement à l’histoire, en plus d’allonger le texte déjà volumineux.
L’introduction des « Fés », ces créatures qui s’abreuvent de la force vitale de leurs victimes seulement en les touchant, est une manière intéressante d’éviter les éternelles histoires de vampires tout en offrant une plongée dans le même genre d’univers. J’ai bien aimé la mythologie qui entoure ces êtres et la façon de les subdiviser en sept catégories, basées sur les différentes longueurs d’onde du spectre électromagnétique. C’est frais et bien pensé. Par contre, les réactions des personnages sont parfois invraisemblables. Comment Sinead (la kleptomane) peut-elle accepter avec le sourire et ne pas se troubler ne serait-ce qu’un moment lorsqu’elle apprend la véritable nature de Jack? Bien sûr, on est dans un récit fantastique, mais la réalité n’est pas loin derrière. Ce sont des détails de ce genre qui font décrocher.
Malgré tout, ça reste une lecture plutôt divertissante qui plaira à ceux qui aiment se lancer dans une épopée en plusieurs tomes.
Si vous avez aimé, vous pourriez être tentés par Arielle Queen ou Instinct.
Merci à la maison d'édition Gallimard pour le roman!
Nouveau commentaire