Billet rédigé par Eve Patenaude
Nous sommes en 1995, époque où les gens qui ont un ordinateur personnel à la maison sont rares, et où Internet commence à peine à se démocratiser avec l’apparition du Web. Pour son seizième anniversaire, Emma reçoit son premier ordinateur. Josh, son voisin et ami de toujours (avec qui elle est cependant en froid depuis quelques mois, suite à une déclaration d’amour à laquelle elle n’a pas répondu), lui offre un CD-Rom de connexion gratuite qu’il a trouvé dans le courrier. Lorsqu’Emma installe le programme, elle découvre un site parmi ses favoris : Facebook. Elle n’en a jamais entendu parler (et pour cause, puisque Facebook n’a été ouvert aux usagers qu’en 2006). Le profil qu’elle a sous les yeux la plonge dans la stupéfaction : c’est elle, quinze ans plus tard. Facebook lui permet d’entrevoir son avenir! Mais ce qu’on lui fait miroiter est loin de lui plaire : un mari profiteur, une situation financière désastreuse, des commentaires malheureux. Quand elle réalise que le moindre de ses faits et gestes du présent influe sur son futur, elle se met à jouer avec sa vie… et pas toujours pour le meilleur résultat.
Malgré une amorce qui tient de la science-fiction et des voyages dans le temps, ce roman fait surtout dans le réalisme. Les voix narratives d’Emma et de Josh s’alternent d’un chapitre à l’autre, permettant au lecteur de comprendre leur relation remplie de hauts et de bas. Il est bien entendu question du destin et de l’impact de ses actes, mais aussi d’amour et d’amitié. Les lecteurs intermédiaires le liront d’une traite.
Mon avis
Il y avait longtemps que je n’avais pas dévoré aussi rapidement un livre. Du vrai bonbon! Les personnages sont hyper attachants : le caractère impulsif et indépendant d’Emma en fait une fille explosive qui repousse sans cesse les limites de son petit monde, tandis que le doux et gentil Josh tente de contenir les dégâts, sans pour autant négliger de tirer son épingle du jeu (car il a lui aussi accès à son avenir, puisqu’il est un « ami » Facebook d’Emma). J’avoue que je suis un peu tombée amoureuse de lui! Leurs rapports sont crédibles, leurs réactions et sentiments, touchants. Cette semaine en leur compagnie passe à une vitesse folle (le récit se découpe en six jours, du dimanche au vendredi). On est triste de les quitter à la fin du bouquin.
Profil s’intéresse à l’effet papillon ou dominos, à savoir que chacun de nos gestes, aussi futile soit-il, est déterminant. Le message passe sans heurt et n’est pas trop moralisateur. Facebook et le pont temporel 1995-2010 ne sont que des prétextes pour illustrer ce concept. D’ailleurs, à part pour les cassettes, les groupes musicaux et la rareté des cellulaires, ce texte reste très actuel. L’objectif des auteurs n’est clairement pas de croquer une époque sur le vif. Nostalgiques, vous y trouverez de petits clins d’œil, mais rien qui vous fera regretter le bon vieux temps. Et les jeunes ne seront pas trop dépaysés par leur lecture.
Un seul (gros) bémol : horreur et damnation! Quelqu’un a eu la mauvaise idée d’actionner la fonction « remplacer tout » et de changer tous les « glace » par « crème glacée » (qui est le terme courant au Québec pour parler d’un cornet). Ce qui fait que le texte est truffé de « briser la crème glacée » et d’« essuie-crème glacée »… (La bande dessinée maison sur le sujet est ici!)
Reste que ce roman est tout à fait délicieux – autant qu’une bonne crème glacée! Ne laissez pas cette petite erreur d’édition vous dissuader de le lire; vous passeriez à côté d’un excellent moment de lecture.
Si vous avez aimé, vous pourriez être tenté par L'âge des miracles et (k).
Merci à la maison d'édition AdA pour le roman!
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Bonjour Sophie,
J'ai effectivement beaucoup apprécié ce livre, qui m'a rappellé de bons souvenirs, puisque j'ai vécu les premiers moments «internet», les discmans et les téléavertisseurs, alors que j'était plus jeune, considérant que je suis dans la vingtaine.
Gros bémol effectivement ; les «crème glacée», 1 ou 2 petites fautes d'orthographes et une autre erreur de traducation que j'ai dénoté : «jouer au souliers» au lieu de «jouer au basket», m'a plutôt fait dresser les cheveux sur la tête. Toutefois, cela n'altère en rien l'histoire qui deumeure très bonne.
Merci pour la belle lecture!