Ce billet a été rédigé par Eve Patenaude
Un train conduit Kyle et ses camarades d’études en sortie scolaire, voir une pièce de théâtre. Durant le trajet, Kyle ressasse de douloureux souvenirs familiaux : comment sa mère a quitté son père, abandonnant son fils par la même occasion, et ce que son père a fini par faire pour obliger sa femme à rentrer. Soudain, un bruit assourdissant retentit, le train se met à tourner sur lui-même et il est à moitié éjecté du pont qu’il était en train de traverser. Dans son wagon suspendu au-dessus du vide, Kyle constate les dégâts : tous les passagers sauf lui semblent inconscients, blessés. En proie à la panique, il se met à entendre une voix sinistre qui l’appelle. Comme pour se soustraire à la menace qui plane sur lui, il est soudain aspiré dans le cauchemar de son ami Steve. Il passera ensuite d’un esprit à l’autre pour échapper à la voix… qui est peut-être bien celle de la Mort.
Récit fantastique divisé en chapitres qui alternent l’expérience de Kyle à bord du train accidenté et les rêves, souvenirs ou projections dans l’avenir des autres passagers, La couleur de la peur rejoindra les lecteurs intermédiaires qui ont de la difficulté à s’investir dans un long texte. Il se dégage de cette lecture le sentiment d’avoir eu affaire à un recueil de nouvelles plutôt qu’à un roman. D’ailleurs, une note de l’auteure à la fin du livre vient confirmer cette impression : certaines des treize nouvelles qui constituent les cauchemars des différents personnages ont auparavant été publiées dans des anthologies. Par leurs thèmes (la mort, le deuil, la culpabilité, l’abandon), elles se répondent entre elles et font écho à la trame principale.
Mon avis
J’ai adoré chacune des petites histoires que les incursions de Kyle dans l’esprit des autres nous permettent de découvrir. Elles sont bien fignolées, vont droit au but et présentent des univers souvent fascinants (je pense entre autres au cauchemar prémonitoire de Roberta, qui annonce un futur postapocalyptique qui m’a captivée). La personnalité des passagers sondés est bien définie, et de les connaître dans un contexte de vulnérabilité aussi profond fait que l’on s’attache immédiatement à eux.
Cependant, j’ai eu de la difficulté à accrocher à la trame principale. L’histoire de Kyle est touchante, mais presque fade comparée à celles de ses compagnons. Et de la voir révélée par à-coups, constamment interrompue par une nouvelle histoire entraîne un certain ennui, une perte d’intérêt pour son sort. J’ai souvent eu l’impression que l’auteure avait recours à des raisons pas toujours convaincantes pour le renvoyer dans l’esprit des autres passagers. Je me demande si la lecture n’aurait pas été plus agréable si le livre avait été présenté comme un recueil de nouvelles, et que l’histoire de Kyle n’avait été que l’une d’entre elles.
Ceci dit, la force de la plupart des cauchemars justifie amplement de se plonger dans ce livre qui traite de la mort d’une magnifique façon.
Si vous avez aimé, vous pourriez être tenté par les autres romans de Malorie Blackman: Boys don't cry et Entre chiens et loups.
Merci aux éditions Milan pour le roman!
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Intéressant ce roman.
Dans le même canevas: Intrigue qui insère des rêves qui sont en fait des nouvelles que l'auteur a déjà publié. Un roman québécois fantastique de Pierre-Luc Lafrance: L'arracheur de rêves. J'avais beaucoup aimé.