Billet rédigé par Eve Patenaude
Attention, ce livre est le deuxième de la série. Ne gâchez pas votre plaisir et commencez par le premier!
Satô et Yukié, les enfants Hanaken qui ont survécu à l’hécatombe qui a frappé leur famille dans La lignée du sabre (le père, la mère et les deux aînés ayant dû se faire seppuku suite à leur trahison envers le seigneur du fief), ont continué à grandir et à parfaire leur art du sabre sous la protection du seigneur Takayama. Satô est proclamé maître d’armes malgré son jeune âge, et Yukié veille toujours sur le sommeil du seigneur, sa lame prête à frapper. Mais lorsqu’un messager arrive et somme Takayama de rejoindre le daimyô (seigneur de plus haut rang) auquel il est soumis, la quiétude de leur existence ainsi que la paix du fief sont compromises. Satô et Yukié ne donnent pas cher de la peau de leur seigneur lorsqu’ils apprennent qu’il a dédaigné de répondre à la précédente invitation de son daimyô. Sous prétexte de remplir son devoir militaire, Takayama est donc forcé de confier son fief à une poignée de ses samouraïs, emportant le plus gros de son armée avec lui. Comment seront donc accueillis Satô, Yukié et leur seigneur dans le camp du daimyô? Comme des alliés… ou comme des traîtres?
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Tout comme La lignée du sabre, L’ombre du daimyô est divisé en courts chapitres qui alternent les points de vue narratifs de Satô et de Yukié, facilitant la lecture, la rendant très rythmée. Les lecteurs intermédiaires, autant masculins que féminins, le liront d’une traite, malgré les termes japonais et la complexité de certaines situations politiques. On y retrouve les mêmes préoccupations que dans le tome précédent, à savoir l’honneur, la loyauté, le devoir, l’amour et la préséance des intérêts du clan avant sa propre vie. Malheureusement, on ne retrouve pas les illustrations de Sybiline à l’intérieur du roman comme avec le premier tome. Il faut dire que les Éditions Trampoline qui avaient publié La lignée du sabre ont été reprises par Phoenix; dommage que ce nouvel éditeur n’ait pas choisi de conserver les illustrations, qui bonifiaient la lecture et aidaient à imaginer certains éléments liés à la culture samouraï. À tout le moins, le lexique des termes japonais a été maintenu.
Mon avis
Encore une fois, Geneviève Blouin dépeint avec une plume à l’élégance toute japonaise la vie à l’époque des samouraïs. Le roman s’ouvre sur une scène presque aussi forte que dans le premier tome, alors que Satô défie et tue le maître de l’école de sabre qu’il fréquente, afin de faire croître la renommée du clan Takayama. Mais après cela, l’histoire se calme. Car ce tome est moins dans l’action et plus axé sur la politique, sur les alliances entre les clans. L’intrigue repose sur les liens entre les personnages, sur leurs rapports codés, réglementés. Le moindre manquement à ce code peut faire basculer leur destin. L’impression que les personnages marchent constamment sur la corde raide vient compenser pour le manque d’action qui pourrait décevoir certains lecteurs.
Un petit bémol : l’abondance de « fausses questions » (questions insérées dans la narration qui illustrent les doutes des personnages) m’a un peu agacée. Bien sûr, elles témoignent de la confusion dans laquelle nagent Satô et Yukié, mais j’ai eu l’impression qu’elles court-circuitaient parfois le suspense.
J’ai retrouvé avec bonheur la tension amour-haine qui lie Yukié et Yamaki, la déférence de tous envers le sage (et ici plus torturé) Takayama. Les personnages sont fidèles à eux-mêmes mais ont gagné en profondeur, tout particulièrement Satô, qui était un peu fade dans le premier tome. On lit Hanaken surtout pour eux et pour l’ambiance envoûtante du Japon médiéval. Une belle réussite.
Bonne nouvelle, le troisième tome est sorti!
Si vous avez aimé, vous pourriez être tenté par l'entrevue que Geneviève Blouin m'a accordée!
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