L’humain ayant surexploité les ressources de la planète, un épais nuage de pollution recouvre la plupart des zones habitables, empêchant les gens qui y vivent de voir ne serait-ce qu’un seul rayon de soleil, alors que les riches se sont réunis en petite communauté sur les hauteurs. Dans les bas-fonds où tous sont obligés de marcher ou de pédaler sans cesse pour créer de la lumière, Lucen, Maurce, Gerges et Jea sont amis depuis l’enfance. Mais alors qu’ils approchent de l’âge adulte, leurs principes les divisent. Alors que Gerges rejoint la milice qui terrorise les habitants, suivant les traces de son paternel, Maurce et Jea rejoignent plutôt des groupes rebelles. Lucen, lui, hésite, intéressé avant tout à convaincre Firmie de tomber enceinte pour qu’ils puissent se marier, mais il devra rapidement choisir son camp quand descend dans la Nox la riche Ludmillia qui a besoin d’aide pour retrouver sa gouvernante, mise à pied par son père hyper contrôlant, homme d’influence dans la ville haute. Alors que les contacts entre les deux mondes sont interdits, la quête de Ludmilla risque de tout faire chavirer…
Roman à la saveur dystopique, Nox aborde les thèmes de la solidarité, de l’héritage familial, de l’amitié et de la notion d’égalité dans une aventure pleine de rebondissements. Bien que ce soit le premier tome d’une trilogie, on entre rapidement dans l’action. Il y a toutefois une mise en place nécessaire et certains passages sont moins dynamiques que d’autres. De plus, le trio de narrateurs ainsi que la ligne dramatique qui parfois est chronologique, mais parfois se permet aussi des retours en arrière pour voir une scène selon un autre point de vue peuvent créer des embûches aux lecteurs intermédiaires.
Mon avis
Yves Grevet crée avec Nox un monde oppressant et le lecteur sent le poids de cette noirceur et de cette espérance de vie si courte ainsi que la rébellion qui couve dès les premières pages, s’y enfonçant ensuite tout au fil de la lecture. Et elle est intéressante à découvrir cette Nox où on habite au 200.82 ou au 701, la hauteur du lieu de résidence dépendant du statut social. Fascinant cette façon de se déplacer en se tenant après des cordes. Étrange aussi cette milice, les CASP (Chacun À Sa Place), composée d’adultes qui veulent voir ce monde où ils ont le contrôle perdurer et qui emploient la violence sans réfléchir. La narration multiple du roman offre d’ailleurs ici l’opportunité de s’attacher à Gerges, montrant sa vulnérabilité ainsi que les changements progressifs qui s’opèrent en lui alors qu’il rejoint les CAPS. Selon moi, il aurait été intéressant d’avoir aussi un autre point de vue du monde d’en haut. Ludmilla est une héroïne intéressante à suivre, mais elle-même ne comprend pas tout ce qui se passe et j’aurais aimé un autre point de vue. Celui de la nouvelle gouvernante, par exemple?
Sur un autre plan, j’ai aimé le jeu des prénoms, les personnages vivant dans la Nox se voyant privés de voyelles. Étrange au départ (et difficile de ne pas faire l’ajout soi-même d’un O en lisant Snia), mais original et efficace pour départager tout le monde. Tout ce qui tourne autour du besoin de procréer est aussi intéressant. Alors qu’on a tendance dans notre société à espérer que le tout vienne le plus tard possible, Yves Grevet a imaginé un monde où les années sont comptées et où les mariages ont lieu à dix-sept ans. Cependant, lajeune fille doit avoir prouvé sa fertilité et être enceinte. D’où l’intrigue de départ entre Lucen et Firmie et d’où le mystère qui persiste sur cette grossesse même après la lecture. Un mystère parmi d’autres d’ailleurs, ce qui donne une forte envie de lire la suite!
En bref? Une dystopie assez originale où les questions d’égalité et d’héritage familial sont au cœur du récit!
Si vous avez aimé, vous pourriez être tenté par Saba et Divergence.
Merci aux éditions Syros pour le roman!
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j'avais été un peu déçue après "Meto", mais je pourrais me laisser tenter sans trop d'effort par la suite...