La pouilleuse

 
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Sophie a aimé ce livre

Une bande de jeunes qui sèche l’école. Une colère raciste réveillée par une altercation dans la rue. Une enfant noire qui passe sur leur chemin. Des poux. Une idée.

Quand ils amènent la petite fille dans le studio de Gonzague, Florian, Anne-Laure, Élise, Gonzague et David ne savent pas encore ce qu’ils en feront, mais rapidement il y a dérapage et puis l’impression que, de toute façon, tout est déjà allé trop loin, alors…

« C'était pas particulièrement planifié ce qui s'est passé ensuite, contrairement à ce que beaucoup de gens ont dit – les journalistes, ils croient que tout est prémédité, organisé, répété, mais on n'est pas des terroristes. Ça ne s'est pas passé comme ça. Les gens veulent savoir pourquoi, ça ne vous arrive jamais à vous, qu'il n'y ait pas de pourquoi? »

Court roman coup de poing comme le sont habituellement ces minis-romans de Sarbacane, La pouilleuse aborde les thèmes du racisme, de l’incompréhension et du regard des autres dans un huis clos terrifiant. Si la langue est celle des jeunes de France avec leurs expressions typiques, elle n'en reste pas moins très compréhensible pour les adolescents du Québec. Accessible à tous les lecteurs, ce roman s’adresse toutefois à des lecteurs avisés.

Mon avis

« Mais qu’est-ce que vous foutez? je lui ai chuchoté. Putain, les problèmes…

- C’est trop tard, de toute façon, elle a répondu avec un gloussement triste. »

Du début à la fin, La pouilleuse est un roman difficile à lire, toujours sur la ligne de faille, entrainant le lecteur dans un univers où on a peur de tomber dans le gouffre qu’on devine là, juste de l’autre côté de la page.

En effet, comme David revient sur les événements qui se sont déjà produits et qu’on comprend tout de suite que cette histoire a fait la une des journaux et a semé l’émoi, on pressent rapidement l’horreur. À un point où j’ai eu l’impression à un moment que c’était presque malsain de continuer la lecture. Mais, comme la bande de lycéens qu’a imaginée Clémentine Beauvais, j’avais mis le doigt dans l’engrenage et, à partir de là, impossible de m’arrêter.

Basé sur un fait divers et inspiré de conversations que l’auteure a entendues au lycée, ce roman est puissant justement parce que le lecteur sait bien que la ligne est quasi absente entre réalité et fiction : les personnages principaux pourraient être n’importe qui. Oui, ils ont vécu un événement traumatisant, ils ont perdu un des leurs, mais ils n’en restent pas moins normaux. Et c’est entre des phrases banales, de celles qu’on peut entendre tous les jours dans les écoles secondaires, que se glissent des idées insidieuses, malsaines.  En outre, le fait que le récit soit narré par David, celui qui semble être le plus doux, est un choix intéressant parce qu’il incarne cet effet de groupe, ce dérapage qui survient sans qu’on s’y attende. Ce choix permet en plus de bien voir tout le concept de responsabilité partagée, du coût du silence. À quel moment doit-on dire stop? À quel moment est-il trop tard?

En bref? Un grand travail de construction de l’histoire qui permet au lecteur de vivre le récit complètement, quitte à fermer le roman avec un nœud au ventre… 

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Merci aux éditions Sarbacane pour le roman!


Billet corrigé par Antidote 9 juste avant d'être publié par Sophie le 29 juillet 2013.

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La pouilleuse
Clémentine Beauvais
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