Ophélie est une jeune femme discrète et maladroite. Capable de lire le passé des objets et de traverser les miroirs, elle tient un musée dans son arche natale et n’a pas d’autre ambition que celle d’aider son oncle archiviste. Toutefois, les doyennes ont décidé de lier son sort à celui de Thorn, un homme sévère du clan des Dragons qui l’amène dans la Citacielle, la capitale du Pôle. Entrainée dans un univers d’illusions où les forces en place se livrent un combat sans merci, Ophélie devra rapidement comprendre le rôle qu’elle doit jouer si elle veut survivre. En effet, son fiancé lui a affirmé bien froidement qu’elle ne passerait pas l’hiver?
Lauréat du concours du premier roman jeunesse organisé par Gallimard, ce premier tome de la série Passe-Miroir plonge le lecteur dans un univers original et fantaisiste où les apparences sont trompeuses et où les objets racontent beaucoup à ceux qui savent les écouter. Avec un vocabulaire relevé, Christelle Dabos a créé un monde intéressant à découvrir, mais la longueur du récit et l’aspect parfois plus descriptif de celui-ci s’adressent à des lecteurs avancés.
Mon avis
Oh le plaisir que j’ai eu à découvrir ce riche univers et l’écriture de Christelle Dabos. Le monde qu’elle a créé est magique et surprenant, mais crédible parce que bien construit. En outre, il nous est présenté au fil des rencontres et des étapes du voyage d’Ophélie vers le Pôle, ce qui nous permet de nous y habituer sans avoir l’impression d’un surplus d’informations. Si le début du roman est plus lent, la mise en place étant assez longue et les premiers rebondissements assez calmes, l’intrigue se corse au fil des pages et l’action finit par prendre le dessus. Personnellement, j’ai eu beaucoup de difficulté à m’extraire de ce petit bijou littéraire avant de l’avoir terminé!
Il faut dire que le personnage d’Ophélie est très intéressant. Liseuse discrète et même presque soumise au départ, elle révèle toutefois une grande force de caractère et une droiture à toute épreuve, fort utile dans l’univers de complots et de trahisons dans lequel elle est plongée à son arrivée à la Citacielle.
« Passer les miroirs, ça demande de s'affronter soi-même. Il faut des tripes, t'sais, pour se regarder tout droit dans les mirettes, se voir tel qu'on est, plonger dans son propre reflet. Ceux qui se voilent la face, ceux qui se mentent eux-mêmes, ceux qui se voient mieux qu'ils sont, ils pourrant jamais. Alors, crois-moi, ça ne court pas les trottoirs! »
En face d’elle, les représentants du clan des Dragons sont plus grands que nature, son fiancé Thorn d’abord, homme froid et rigide qui ne semble pas lui prêter d’attention, mais qui surprend au fil du récit. La tante Bérénilde est aussi captivante avec ses petites tortures du quotidien et son besoin de plaire. On comprend aussi son drame au fil des pages et j’ai presque, presque dis-je bien, ressenti un peu de pitié pour elle.
Le monde dans lequel évolue Ophélie est imaginaire et magique, mais à travers lui il y a une critique de la société et du besoin d’illusions, d’artifices, d’oubli. L’arrivée au domaine d’Archibald en révèle d’ailleurs beaucoup et, si j’ai parfois eu envie de pouvoir m’y rendre aussi pour, entre autres, profiter de l’architecture mouvante, j’ai rapidement compris que je m’en mordrais les doigts!
Le petit plus? Une fin surprenante et intrigante qui donne vraiment envie de se lancer dans la suite et des idées brillantes. Coup de cœur pour l’écharpe !
Je viens tout juste de le terminer! C'est en effet très prenant, et l'univers est à la fois original et très bien construit, chose rarissime!
Mon seul bémol: une héroïne un peu passive à mon goût, mais tout de même très attachante. J'ai déjà hâte de la retrouver dans le tome 2!