Standish a toujours été considéré comme retardé parce qu’il est dyslexique. Il ne survit donc au régime totalitaire qui règne dans son pays que grâce à son enseignante qui aime son imaginaire et le protège. Mais l’adolescent de quinze ans qui vit dans la Zone « 7 » avec son grand-père comprend beaucoup plus que les gens ne le croient et, lorsqu’il rencontre Hector, son nouveau voisin, l’adolescent s’épanouit enfin. Aussi, quand son ami disparait, comme tous ceux qui subissent du jour au lendemain la colère de la Patrie, Standish ne sait comment survivre au retour à la solitude et voit grandir sa volonté de montrer au peuple le vrai visage des dirigeants, quitte à y laisser sa peau…
Écrit à la première personne, ce roman pourrait être qualifié de dystopique, mais il se situe dans un espace temps qui semble être passé. Le récit est émouvant et atypique, s’adressant à un public plus large que simplement adolescent puisqu’on assiste au fil de la lecture à une dénonciation des régimes totalitaires et une réflexion sur ses acteurs. Les chapitres courts et le vocabulaire simple permettent à tous les lecteurs de le lire, mais les images parfois violentes pourraient être plus dures à aborder pour les plus jeunes.
Ouf ! Quelle lecture… de celles qui restent longtemps dans la tête et nous hante tant par l’écriture que par l’histoire racontée.
En fait, j’ai eu de la difficulté à lire ce roman parce que Standish narre les scènes auxquelles il assiste sans filtre. Comme certaines sont violentes, à la limite de l’insoutenable, la lecture m’a beaucoup touchée et j’ai dû faire quelques pauses pour assimiler ce que je venais de lire. Toutefois, malgré ces moments plus ardus, je n’ai jamais eu envie de lâcher le roman parce que Standish est un personnage hors de l’ordinaire et que l’écriture est atypique, alternant les chapitres courts et longs, partant parfois dans tous les sens parce que suivant les idées du narrateur, mais pourtant nous amenant à bon port, pour une finale marquante.
En fait, dès le départ l’univers mis en place est captivant. En quête de repères, j’ai eu un peu l’impression que le pays illustré était une Allemagne ayant gagné la Deuxième Guerre mondiale à cause des références aux cheveux blonds et aux yeux bleus et des annonces publicitaires, typiques des années 60, que Standish voit passer sur sa télévision piratée. Toutefois, on est clairement dans un monde dystopique, cruel et autoritaire, où les différences sont rejetés.
Justement, Standish est différent. En fait, il faut dire que Sally Gardner a souffert elle-même de sérieux problèmes d’apprentissages et n’a appris à écrire qu’à 14 ans, grâce à un clavier spécial. On sent qu’il y a une grande part d’elle dans son texte, dans sa façon de présenter le regard des autres et la propre vision de l’adolescent. Le personnage de Hector prend donc aussi une grande importance pour tout ce qu’il apporte à Standish et sa capacité à voir plus loin que les autres. Leur amitié est forte et pousse le narrateur à lutter contre le pouvoir, à se dépasser, à sortir de sa carapace. Et cette histoire est magnifique…
En bref? Un roman atypique, difficile à décrire mais absolument à découvrir !
Merci à Gallimard pour le roman!
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