Quand Benjamin se réveille le lendemain du party de Mathieu, il a de terribles images en tête, des images qu’il ne pourra jamais oublier et qui gâcheront le reste de sa vie. Angèle, elle, se réveille à l’hôpital, ayant miraculeusement survécu à un crime sexuel violent. Autour d’eux, famille, amis, policiers et intervenants scolaires tentent de refaire le casse-tête et de comprendre ce qui s’est passé après leur départ du party, alors que les deux jeunes, secrètement amoureux l’un de l’autre depuis un moment, semblaient heureux…
Roman réaliste abordant de front le sujet difficile du viol, Souillée met en scène une palette diverse de personnages et donne la parole à chacun afin de comprendre leur réaction face au drame et, surtout, de comprendre ce qui s’est passé. Si l’écriture est accessible à tous, la dureté du sujet s’adresse aux lecteurs avisés.
Souillée n’est pas un livre que l’on aborde avec légèreté, loin de là. On sait qu’on lira une histoire sordide de viol et on se prépare mentalement au pire, mais Geneviève Cadieux a beaucoup de doigté dans son approche. Oui, on comprend ce qui s’est passé, mais on ne tombe jamais dans le voyeurisme et on se concentre plutôt sur les répercussions de ce qui est arrivé à Angèle. D’ailleurs, il est intéressant de voir le cheminement de Benjamin et de comprendre pourquoi il a fait ce qu’il a fait.
Côté écriture, il y a une volonté intéressante de proposer des pièces de casse-tête qui s’imbriquent pour raconter le drame d’Angèle ainsi que ses répercussions. On rencontre donc différents personnages, des adolescents liés à Angèle, mais aussi des policiers et des intervenants scolaires qui ont chacun leur histoire. J’aurais cependant aimé qu’il y ait plus de place à l’histoire personnelle des adolescents, particulièrement des agresseurs, parce que l’auteure semble vouloir expliquer les choses, mais qu’il reste plusieurs zones d’ombre à la fin de la lecture. Par ailleurs, si ces multiples narrateurs sont intéressants, je suis demeurée un peu perplexe par moment parce que la voix narrative reste la même. Si Angèle se distingue par l’emploi de l’italique et que Benjamin semble un peu différent, les autres se mélangent facilement et il est difficile de croire pleinement aux personnages quand la voix d’une adolescente amoureuse ressemble à celle de la directrice de l’école.
En bref? Un roman écrit avec intelligence, mais un concept qui aurait pu être poussé plus loin.
Écoutez Geneviève Cadieux vous parler de son écriture et vous lire un extrait de son roman:
Merci aux Z'ailées pour le roman!
Sophielit est partenaire des Librairies indépendantes du Québec (LIQ). Cliquez ici pour plus d'informations sur ce partenariat.
Nouveau commentaire