Iseult, sa soeur jumelle Léopoldine et la meilleure amie de cette dernière, narratrice jamais nommée, fréquente le lycée Henri IV, H-4 pour les intimes, une institution prestigieuse (et prétentieuse) qui éduque la future élite française. Un jour, un corps est retrouvé au milieu d'une des cours. Est-ce que cela a à voir avec la vidéo intime que Timothée a envoyée à tout le monde, personnel et élèves, pour se venger de Léopoldine qui l'a laissé tomber pour Aurélien? Ou alors est-ce une histoire plus ancienne, celle d'une amitié délaissée au profit d'une autre, celle d'une soeur timide et discrète et de sa jumelle, aimant à lumière?
Roman réaliste ancré dans la réalité scolaire française, Comme des images aborde les possibilités néfastes de notre ère des réseaux sociaux, mais Clémentine Beauvais touche aussi au sentiment d'isolement plus universel et met la communication entre humains au premier plan. L’intrigue est toutefois complexe et le vocabulaire relevé, si bien que le roman s’adresse davantage aux lecteurs avancés.
« Il y a un corps dans la cour du lycée Henri IV »
Avec cette phrase et la prémisse, on a l'impression qu'on marchera dans un sentier balisé du danger d’internet, de la vengeance et de la réputation, mais c'est loin d'être le cas. On sort ici du déjà vu et on traverse le miroir, plongeant dans un récit bien plus complexe que prévu.
« On ne savait pas, à ce moment-là, qu’il y aurait quelqu’un d’autre dans cette histoire qui serait véritablement cassé, cassé comme des petits oiseaux qui volent tout droit dans les fenêtres.
À ce moment-là, on ne voyait pas la vitre; juste le monde entier au-delà, par transparence. »
J’ai été profondément touchée par le récit de Clémentine Beauvais qui parle d’éléments déclencheurs dans une vie, de prise de conscience, de victimes collatérales, d’amitié manipulée, d’amours adolescentes dans un casse-tête au dénouement tragique.
Côté écriture, la plume est maitrisée, efficace, les phrases sont ciselées, percutantes. Il y a des petites perles dans les descriptions entre autres et des coups de poing dans les dialogues. Le choix de la narration, l’amie n’étant jamais nommée, est aussi très intéressant parce qu’il permet au lecteur de se glisser dans sa peau. Si on a parfois envie de la secouer devant les manipulations qu’elle accepte, on se reconnait aussi…
Seul avertissement, le lecteur québécois y découvrira aussi toute la dureté de l'enseignement de H4 et la réalité d’un système scolaire bien différent. La scène dans le cours de science est particulièrement forte. Si j'avoue qu'en tant que prof j'aimerais parfois envoyer des répliques plus senties à mes élèves, un tel échange ne serait jamais permis et on le comprend quand on en voit ses ravages. À méditer !
Merci aux éditions Sarbacane pour le roman!
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Ah! Tu me donnes vraiment envie de la lire, moi qui suis déjà une fan de son blogue à cette Miss Clémentine.