Le cri du petit chaperon rouge

Quand sa grand-mère meurt, Malvina, 13 ans, est déléguée par son père pour aller prendre soin de son grand-père. Et même si elle résiste, elle doit retourner dans l’antre de celui qui lui a déjà fait plus de mal que ce qui est acceptable. Durant ces quelques semaines où sa meilleure amie est partie en voyage, la laissant seule avec une famille qui refuse d’ouvrir les yeux,  Malvina devra trouver la force de se sortir de l’horreur, malgré la peur et le rejet de ses proches. En fait, c’est avec celui qu’elle a surnommé « Traque », un adolescent du village, et Madame Bitschek, la voisine de son grand-père, qu’elle réussira à trouver la force de refuser le rôle du petit chaperon rouge…

Traitant le thème de l’inceste avec doigté, sans tomber dans le voyeurisme, mais présentant tout de même les choses telles qu’elles sont, Beate Teresa Hanika écrit un livre fort, émouvant et nécessaire. La lenteur du récit ainsi que les allers-retours entre présent et passé, les souvenirs étant utilisés pour expliquer ce qui se passe, font toutefois en sorte que le roman plaira davantage aux lecteurs avancés.

Mon avis

 « Peut-être que beaucoup d'autres auraient agi comme moi, beaucoup auraient peut-être aussi pensé : ça je supporte encore, encore un jour, et encore un, demain je parlerai, ou après-demain, ou peut-être un autre jour. On ne se rend pas compte que le secret grandit avec soi chaque jour, et que chaque heure qui passe le rend plus gros et plus indicible encore. »

Ce livre est difficile à lire, pas tant pour son écriture, fluide et efficace, que pour les images que l’auteure nous présente. Si les scènes ne sont pas explicites, le non-dit est criant et le malaise transperce certaines pages. On sent toutefois que l’auteure a pris soin de développer son histoire avec lenteur afin que l’ensemble soit crédible et que les lecteurs adolescents soient capables d’accepter ce qu’ils découvrent. De plus, elle a su doser le tout, d’abord avec la métaphore autour du petit chaperon rouge qui permet de rattacher le récit à quelque chose de connu et de plus facile à concevoir, ensuite avec l’histoire parallèle avec Traque qui permet d’aérer le récit et d’apporter une dose d’espoir, de parsemer le quotidien de Malvina de touches de bonheur.

« Ça va passer, me dit papa comme si j'étais malade »

Ce qui m’a le plus choquée dans ce roman a été la réaction de la famille de Malvina. Avec sa mère absente, aux prises avec des migraines douloureuses, son père intraitable et son frère qui refuse d’ouvrir les yeux, Malvina est laissée seule à elle-même. Et c’est justement pour cela que de tels romans sont importants. Parce qu’ils montrent un exemple, celui d’une jeune fille qui passe de l’enfance à l’adolescence et qui trouve la force de s’affirmer malgré les yeux fermés qui l’entourent. 

Merci à Pauline pour la suggestion !