#Jeveuxqueçaarrête

Billet rédigé par Sarah-Jeanne Desrochers

Un après-midi, la directrice de l'école secondaire réunit tous les élèves. Chloé, secondaire 3, vient de tenter de s'enlever la vie. Sur Internet circulait une photo d'elle, nue, accompagnée de commentaires tous plus désobligeants et méchants les uns que les autres. Suite à cet événement, Raphaëlle, Sarah, Giulia et Jasmine, en compagnie des garçons qui complètent leur cercle d'amis, entameront une réflexion sur l'impact qu'ont eu les médias sociaux dans cette histoire.

#Jeveuxqueçaarrête s'adresse aux jeunes filles âgées principalement de 13 à 15 ans. L'histoire se veut « racontée comme un roman, puis expliquée par une psy. » La première portion est donc sous forme de récit, puis un épais dossier d'une cinquantaine de pages complète l'ouvrage. Le roman traite principalement des médias sociaux, du rapport des adolescents avec ceux-ci ainsi que des dangers qu'ils représentent lorsque l'on perd la maitrise de ces sites. Il est accessible à tous les niveaux de lecteurs.

Mon avis

À l'ère 2.0 (maintenant 3.0), il est plus important que jamais de parler avec les adolescents de la portée des réseaux sociaux. En plus de consulter ce qui se trouve sur la toile, ils contribuent à celle-ci. Les deux auteures ont réussi à dresser un très beau tableau et n'ont rien négligé : la dépendance, souvent consciente, des adolescents à leurs appareils électroniques, les dangers que l'on retrouve en ligne, les photos échangées entre deux cellulaires, l'intimidation vécue et les conséquences de tels gestes, tant pour les intimidateurs que les victimes.

Dans leur roman, les auteures ont toutefois choisi de ne pas donner la vedette à la victime. Oui, elle a son mot à dire, mais il est davantage question des réflexions des élèves plus vieux qui connaissent bien ceux qui sont responsables de la tournure qu'ont prise les évènements. Plutôt que d'expliquer au lecteur comment se sent la victime, Aline Apostolska et Marie-Josée Mercier ont pris soin de nous montrer comment les autres actants vivent la situation. Les témoins qui observent la situation en se questionnant sur leurs propres habitudes en ligne et les bourreaux qui ne se sentent pas nécessairement aussi coupables qu'ils le devraient.

Je suis encore un peu mitigée au sujet du ton du récit. À plusieurs autres reprises, j'ai senti que la parole était donnée aux adolescents qu'on blâme parfois trop rapidement en tant qu'adulte. Par moments cependant, il m'a semblé que le ton se voulait moralisateur. Des bons coups et des moins bons coups donc , mais je n'ai pas l'impression que les adolescents pardonneront à l'auteur les passages où l'on sent clairement qu'un adulte met son grain de sel.

Au final, je classerai #jeveuxquecaARRÊTE dans la catégorie des romans qu'on peut lire en classe avec les élèves pour les faire réfléchir au sujet de la cyberintimidation. La quatrième de couverture indique clairement au lecteur qu'il sera amené à s'interroger au cours de sa lecture, ce qui en fait un livre essentiellement documentaire aux yeux des adolescents.  

Pour écouter les auteures en lire un extrait enregistré lors du Salon du Livre de Québec 2014: 

Merci aux éditions de L'Homme pour le roman!