Le Prince Thibault est parti à l’aventure sur un des bateaux de son père depuis plusieurs mois et il remontre maintenant tranquillement vers Pierre d’Angle, sa terre natale, pour y retrouver les responsabilités qui lui incombent en tant qu’héritier du roi. Mais les quelques escales qu’il doit faire au Nord avant de rentrer viennent chambouler la paix installée à bord, d’abord avec l’apparition d’Ema, une jeune femme au courage surprenant, puis avec des jeux de diplomaties plus complexes que prévu…
Récit d’aventure ancré dans la tradition des romans marins, premier tome d'une série qui en comptera quatre, L'art du naufrage plante le décor et présente les personnages tout en entrainant le lecteur dans une suite ininterrompue de rebondissements. Costaud, écrit dans une langue riche et soutenue et proposant une intrigue complexe, il s'adresse aux grands lecteurs.
Ce livre est d'abord paru au Québec en 2014 sous le titre Le voyage (avec une couverture dont je doutais beaucoup) et n'avait pas eu le retentissement qu'il méritait. Parce que cette histoire est extraordinaire. J'étais donc ravie de le voir réapparaitre au Rouergue, cette fois avec une couverture à la hauteur du récit, à la fois mystérieuse et fascinante, et un travail d'édition extraordinaire qui a permis de mettre en valeur la plume de Pascale Quiviger tout en éliminant certaines inégalités. Ne restent donc que sa forte capacité d'évocation, ses métaphores (nombreuses, si vous n'aimez pas, fuyez) et ses répliques incisives.
Il faut dire que ses personnages sont vraiment intéressants, Thibaut et Ema en tête, couple à la fois féministe (Thibaut a un regard très moderne sur les femmes en général et n'hésite pas à aider Ema à fuir l'esclavage auquel elle est condamnée alors que ses marins sont terrifiés : c'est connu, une femme à bord porte malheur) et égalitaire. Si le premier est celui sur qui tout semble reposer au départ, Ema prend de plus en plus de place dans le récit, sans toutefois voler toute la lumière.
Côté histoire, dès le départ, on reconnait les codes typiques des récits de fantasy (un prince qui vient sauver un royaume, une famille qui se déchire, une femme mystérieuse qui pourrait bien avoir été « marquée », une malédiction...) mais Pascale Quiviger en joue aussi, utilisant nos attente pour nous surprendre avec ses rebondissements, à bord du bateau et lors des escales. Il faut dire qu'il y a à la fois les ennuis du quotidien à gérer sur l'Isabelle, mais aussi tout l'aspect politique qui se profile avec le retour du Prince à Pierre d'Angle. Bref, de la matière pour cette histoire dont tous les tomes sont écrits et qui paraitront d'ici le printemps 2020.
À mentionner : Coeurs sensibles, abstenez-vous... certaines réalités plus dures de la mer ne nous sont pas épargnées!
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