Toute petite fille qu’elle soit, débordante de vie et de soif d’apprendre, Charity Tiddler est née dans une famille de la bonne société anglaise du dix-neuvième siècle et doit donc se comporter comme telle, en étant calme et silencieuse. Reléguée au troisième étage de la maison avec sa bonne Tabitha, Charity fera toutefois sa propre éducation au contact des animaux qu’elle récupère un peu partout, des cousins qu’elle fréquente lors des vacances estivales, de Shakespeare dont elle apprend les sonnets par cœur et de Blanche Legros, celle qui deviendra sa gouvernante et lui apprendra à faire des aquarelles.
Brique de 560 pages, ce roman raconte la vie de Charity, de son enfance solitaire jusqu’à l’âge adulte où elle n’hésite pas à briser les limites que la société cherche à lui imposer grâce à son intelligence vive. Mis en valeur par les aquarelles de Philippe Dumas, le texte de Marie-Aude Murail peut rejoindre un large public étant donné sa force d’évocation.
Miss Charity, c’est le genre de livre que l’on regrette d’avoir terminé parce qu’on doit dire au revoir à un personnage attachant qu’on a l’impression de connaître comme une amie et une écriture exceptionnelle. C’est la deuxième fois que je le lis et chaque fois c’est le même miracle.
S’inspirant de la vie de Beatrix Potter, Marie-Aude Murail a créé une Miss Charity vive d’esprit et plus à l’aise avec les petits animaux qu’elle sauvait, de Miss Petitpas à Master Peter en passant par les canards, les hérissons et le corbeau, qu’avec les humains. J’ai aimé sa timidité, sa maladresse, sa volonté de trouver sa voie, sa façon de se défendre dans un monde où les femmes n’avaient pas beaucoup de possibilités.
D’ailleurs, le décor de l’Angleterre du XIXe est richement utilisé, Marie-Aude Murail en profitant pour faire une critique de ses codes et coutumes et utilisant le théâtre de l’époque pour faire écho aux sonnets de Shakespeare qui ont tenu compagnie à Charity dans son enfance.
Les dialogues aussi font référence à cet art, rendus comme des textes de théâtre, inventifs et, souvent, délicieusement décalés.
Le petit plus? Les aquarelles de Philippe Dumas donnent un aspect enfantin qui s’accorde bien à l’histoire, venant mettre en relief cet attachement de Charity pour les petits animaux et son imagination débordante.
Merci à Alice, pour m’avoir donné envie de me replonger dans ce merveilleux roman !
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