En 1995, en Afrique du Sud, la commission Vérité et Réconciliation tente de faire la lumière sur les événements qui ont marqué l’apartheid et d’ainsi aider les gens à construire leur avenir. Mais voilà, les parents de Steve Sizela ne peuvent savoir ce qui est arrivé à leur fils, supposément mort suite à sa détention au poste de police, parce que ce qui l’a interrogé, Pieter Muller se mure dans le silence et refuse de se présenter devant la commission. C’est ainsi que Sarah Barcant, jeune procureure installée à New York mais ayant grandi dans la petite ville de Smitsrivier, se retrouve mêlée à l’histoire, tentant d’aider les Sizela à découvrir la vérité en représentant un ami de Steve, Alex Mpondo, lorsqu’il fait face à son bourreau Dirk Hendricks. Mais les vérités sont parfois multiples et les fils bien difficiles à démêler…
Mélangeant faits historiques, fiction et enquête, Poussière rouge est de ces romans qui captivent et poussent à réfléchir en même temps, à tout ce qui s’est passé durant l’apartheid et à la difficile réconciliation, mais aussi et surtout à la ligne floue entre bourreaux et victimes. Complexe, le récit s’adresse à des lecteurs experts et avisés, car certaines scènes sont dures.
Poussière rouge offre une véritable plongée dans l’Afrique du Sud de l’après-apartheid et, si Smitsrivier n’existe pas vraiment, tout ce qui s’y passe semble authentique. L’auteure a fait le choix d’un narrateur qui s’intéresse à la fois à tous les personnages, permettant de découvrir des pans de l’histoire selon leur vision et d’ainsi assembler les morceaux d’un casse-tête assez complexe. Le tout est hyper intéressant et efficace, tout comme l’est la construction du récit.
Rapidement, j’étais captive à mon tour de cette quête de vérité que mène Sarah et, tout comme elle, il est arrivé un moment où je me suis demandé si le prix à payer n’était pas trop lourd. Avec le personnage d’Alex, on vit en effet la rencontre entre le bourreau et sa victime et on découvre ce lien si intense qui les unit et qui, même des années après la torture, reste aussi fort. Gillian narre d’ailleurs ces scènes plus dures avec sobriété et pudeur, tout en en donnant assez pour qu’on puisse comprendre l’horreur de ce qui s’est produit. Efficace.
À noter, Poussière rouge ne met pas en scène des adolescents, mais c’est un excellent roman jeunesse parce qu’il rend accessible tout un pan de l’Histoire et fait réfléchir. À découvrir !
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