Entrevue avec Martin Barry

 
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21 novembre 2011

J'ai été attirée par le monstre lacustre sur la couverture de Le secret de Mhorag et s'il m'a fallu un peu de temps avant d'entrer de plain-pied dans l'histoire, j'ai rapidement succombé à l'univers détaillé et documenté qu'y présente Martin Barry. On sent au travers des lignes la passion de l'auteur pour les légendes à partir desquelles il tisse son histoire et j'ai eu envie d'en savoir un peu plus. Entrevue avec l'auteur qui signe son premier roman!

D’où vient votre fascination pour les monstres lacustres?

« La musique avant toute chose », disait Verlaine. « L’Irlande avant toute chose », en ce qui me concerne. Fier descendant d’immigrants irlandais — peut-être un peu trop fier selon certains — j’ai toujours été fasciné et attiré par l’Irlande, ses paysages mystérieux, sa culture, son histoire et bien sûr sa musique. Ensuite, il n’y a qu’un pas à faire entre la culture irlandaise et celle de l’Écosse. De plus, les phénomènes insolites — incluant les monstres de lacs — ont toujours suscité chez moi un intérêt particulier. Ayant passé une partie des étés de mon enfance en bordure d’un lac des Laurentides, les sombres créatures aquatiques se bousculaient dans mon imaginaire d’enfant. Il faut ajouter à cela un récent voyage en Écosse et trois voyages en Irlande. C’est d’ailleurs au cours d’un de ces voyages (celui effectué en 2003) que ma conjointe et moi avons découvert Doo lough, un lac au calme ensorcelant situé dans le comté de Mayo (nord-ouest irlandais). Nous imaginions en blaguant qu’au fond du lough se cachait un jeune géant inoffensif.

Est-ce qu’écrire une histoire d’une telle ampleur demande beaucoup de préparation?

Énormément. Le treizième siècle irlandais, la géographie des lieux et les études concernant les monstres aquatiques ont nécessité beaucoup de recherche.

Avez-vous écrit les histoires de Jet et des FitzWilliam en parallèle ou une après l’autre?

Il fallut pour commencer que j’échafaude une structure détaillée du roman. Au début, je comptais diviser le livre en quatre grandes sections : Moyen âge - Époque moderne - Moyen âge - Époque moderne. Mais j’ai plutôt suivi les conseils de mon éditrice, Monique H. Messier, qui me suggéra de faire voyager le lecteur d’une époque à l’autre en alternance plus ou moins régulière tout le long du récit. Une fois cette structure établie pour chaque chapitre, j’ai suivi mon plan — qui changeait d’ailleurs constamment — pour écrire en parallèle les histoires de Jet, des FitzWilliam et des monstres aquatiques.

Lisez-vous vous-même des romans fantastiques avec des créatures inconnues?

À vrai dire, je lis assez peu de romans. Bien entendu, je suis un inconditionnel du Seigneur des anneaux et du Hobbit de même que des Brumes d’Avalon. Toutefois, si je lis de temps à autre des romans — peu importe le genre — je consacre davantage de temps à la lecture d’ouvrages historiques ou des livres traitant de légendes, de mythologie, etc.

Vous inspirez-vous de vous-même ou des gens de votre entourage pour construire certains personnages?

Parfois, surtout pour certains traits physiques de certains personnages, mais presque jamais de manière intégrale. Autrement dit, personne ne pourrait réellement s’y reconnaître.

Qu’est-ce qui vous a amené à l’écriture de romans?

Bien entendu, un besoin de raconter des histoires, de construire des légendes et de faire vivre des personnages, besoin que je tentais de satisfaire par le biais de la réalisation et de la scénarisation. Mais il fallut des années pour que je comprenne que je n’étais jamais réellement comblé à ce niveau par la télévision ou par le cinéma. J’ai finalement opté pour l’écriture de romans qui me procure une beaucoup plus grande liberté de création.

Est-ce que votre travail comme réalisateur et scénariste influence votre écriture?

Sans conteste. L’importance que j’accorde à la structure du récit, aux descriptions visuelles de certains lieux et aux atmosphères « cinématographiques » prend sa source dans ma formation de réalisateur et de scénariste.

Avez-vous un rituel d’écriture, un horaire particulier?

Je ne suis pas très discipliné. D’ordinaire, il faut que j’écrive — ne serait-ce qu’un peu — le matin, pour installer une sorte de dynamique. Le reste vient par bourrées qui peuvent se prolonger tard le soir. Lorsqu’il y a blocage, c’est généralement parce que je ne possède pas bien mon sujet, la nature du drame ou l’orientation du personnage. Je retourne alors faire un « brainstorming » personnel en prenant des notes dans un de mes nombreux cahiers. Cependant, quand des dates d’échéance approchent, je suis alors forcé de m’astreindre de façon intense.

Que préférez-vous dans l’écriture? Qu’aimez-vous le moins?

Ce que je préfère : L’exploration, c’est à dire la période qui précède la rédaction, donc prendre des notes, réfléchir librement, puis élaborer le récit et les personnages. Ce que j’aime le moins : Être embourbé à la dernière minute — ce qui m’arrive souvent — avec l’écriture d’un chapitre complexe qui ne fonctionne pas.

Est-ce que vous trouvez que la littérature jeunesse est importante dans le parcours d’un lecteur?

Oui beaucoup. D’abord — puisqu’elle est souvent un peu plus facile d’approche — elle permet aux jeunes de prendre l’habitude de lire et d’aimer la lecture. Ensuite, étant donné que de nombreux romans jeunesse versent dans le fantastique, cette littérature donne l’occasion aux jeunes d’entrer en contact avec des mondes mythiques qui sont en apparence déconnectés de toute réalité. Mais quand on y songe bien, toute mythologie ne fait que transposer la réalité dans un monde imaginaire. L’idée de pouvoir sublimer les préoccupations du quotidien en fable en conte ou en aventure fantastique constitue un des rites les plus anciens de l’humanité.

Êtes-vous un grand lecteur vous-même? Que lisez-vous? Est-ce que la lecture nourrit votre écriture?

Je lis, mais plutôt lentement. Je ne suis donc pas un grand lecteur. Comme mentionné plus haut, je m’adonne davantage à la lecture d’ouvrages sur l’histoire. Mais il est incontestable que certains romanciers ont nourri mon écriture ou du moins m’ont donné le goût d’écrire. Je nommerais Tolkien (évidemment), mais aussi Robertson Davies, Maurice Druon et Paolo Coelho.

Rafale lecture ! 

Enfant, étiez-vous un grand lecteur?

Moyen. Je lisais surtout Jules Verne… et des bandes dessinées en abondance.

Qui vous a donné le goût de lire?

Ma sœur lisait beaucoup. Elle m’a fait connaître — jadis — le Seigneur des anneaux. Gilbert Brévart — professeur de français au secondaire — était écrivain à ses heures et nous a communiqué son amour de l’écriture et de la lecture.

Quel mot décrit le mieux votre relation avec les livres?

Pouvez-vous nous expliquer ce lien? L’odeur. Rien ne vaut l’expérience d’entrer dans le « Long Room » de la vieille bibliothèque du Trinity College de Dublin. L’odeur des anciens volumes qui s’y trouvent nous enveloppe et nous donne l’impression que les livres se moquent du temps, qu’ils sont là depuis toujours et pour toujours.

Quel est votre livre préféré?

Il s’agit d’une volumineuse publication du Musée des beaux-arts de Montréal intitulée : Paradis perdus : l’Europe symboliste.

Quel roman a marqué votre adolescence?

Le Seigneur des Anneaux
de Tolkien.

Quel est le livre sur votre table de chevet?

« Warriors of God ». Il s’agit d’un ouvrage racontant les péripéties de la troisième croisade et de la relation entre deux chefs ennemis : Saladin et Richard cœur de lion.

Dans quel endroit préférez-vous lire?

Au lit et dans un café.

Si vous étiez un livre, lequel seriez-vous?

Les Brumes d’Avalon (The Mists of Avalon). On y raconte une histoire archiconnue sous un angle complètement nouveau. Il ne faut donc pas se fier à la couverture, il ne faut pas le tenir pour acquis, le contenu est inattendu et surprenant… sans prétention.

Avez-vous une suggestion de lecture pour ceux qui ont aimé Le secret de Mhorag?

Encore une fois, Les Brumes d’Avalon, magnifique réinterprétation des récits de la Table ronde. J’opterais aussi pour les Rois maudits, classique certes, mais d’une grande richesse historique et superbement raconté.
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