J'ai découvert le diptyque
Messages de Marc Cantin suite à une rencontre avec l'animatrice littéraire Louise Lespérance qui l'a vendu à mes élèves comme un véritable coup de coeur. Je me suis donc précipitée sur les deux livres et j'avoue les avoir dévorés! En faisant quelques recherches sur l'auteur, j'ai été étonnée de découvrir qu'il travaille en étroite collaboration avec son épouse lorsqu'il écrit. Voici donc l'entrevue qu'il m'a accordée sur le sujet!
Pourquoi avoir voulu faire un diptyque plutôt qu'un seul roman?
J'avais peur que le volume de texte rebute ceux qui ne lisent pas beaucoup. En deux tomes, cela me semblait plus "digeste", tout en me laissait assez d'espace pour développer l'intrigue, mais aussi les relations entre les personnages.
Comment sont nés les personnages de Manah et de Lilian?
En complément de l'intrigue. L'idée d'un couple m'intéressait, ce qui permet de toucher l'un des personnages à travers l'autre. Il y a aussi deux pistes d'identification pour le lecteur, deux points de vue.
Avez-vous toujours eu le sens des rebondissements accrocheurs comme celui de la fin du premier tome? Est-ce une qualité que l'on peut développer?
C'est une façon de travailler l'écriture. Ce sont des choses qui s'organisent avant, au moment de la réalisation du scénario. Avant de commencer à écrire véritablement, je sais ce qui va se passer dans chaque chapitre, ce qui me permet d'organiser au mieux la construction.
Est-ce que vous faites un plan avant de commencer à écrire? Vous arrive-t-il que votre écriture vous amène ailleurs et vous surprenne tout de même?
Je peux faire certains changements au moment de l'écriture, avoir de nouvelles idées. Mais, dans ce cas, je vais d'abord les intégrer au plan afin de vérifier les conséquences de ses changements et éventuellement procéder à des "rééquilibrages".
Est-ce que l'écriture d'une bande dessinée et celle d'un roman varient beaucoup? Est-ce que ça demande la même implication de la part de l'auteur?
Je fournis des scénarios dessinés aux dessinateurs. Je m'approprie donc la mise en scène (même si nous en rediscutons ensuite avec le dessinateur) et c'est un travail plus visuel, qui se rapproche davantage du cinéma. Les outils font moins appel à l'imagination du lecteur. Quand je dois montrer une forêt, je gribouille des arbres (que le dessinateur se chargera ensuite de dessiner correctement). Dans un roman, pour décrire une forêt, je n'ai que 26 lettres, toujours les mêmes. C'est donc un peu plus complexe et cela nécessite davantage d'implication de la part du lecteur. Je dois m'appuyer sur sa capacité d'imagination.
Est-ce que votre femme Isabel a contribué au diptyque Messages? De quelle façon?
Oui. Nous discutons de l'histoire et c'est elle qui réalise ensuite le synopsis (souvent plusieurs). Nous en rediscutons, puis elle rédige le plan (description de chaque chapitre). Ensuite, je passe à l'écriture, et nous intervenons à tour de rôle pour les corrections.
Pour "Messages", à l'époque, elle ne voulait pas mettre son nom sur nos livres. Depuis, elle a accepté de faire figurer son prénom. Il y a du progrès !
Qu'est-ce que vous apporte une écriture à quatre mains?
Moins de solitude dans l'écriture et face aux problèmes que l'on rencontre immanquablement. Le plaisir de partager une passion.
Et deux fois moins de travail !!!
Conseillez-vous aux écrivains débutants de se faire relire en cours d'écriture? Préférez-vous n'être lu qu'à la toute fin d'une première version?
Je pense qu'il faut faire lire et relire ses synopsis et ses plans. La base, c'est le scénario. S'il est bien construit, et susceptible d'intéresser les lecteurs, même sous une "forme réduite", on peut se lancer dans l'écriture.
En revanche, une fois que le roman écrit, il est beaucoup plus difficile d'apporter des changements, en raison du volume de texte (est-ce facile de modifier un menu quand les plats sont déjà sur la table ?)
Est-ce que l'inspiration est toujours présente? Que faites-vous lorsqu'elle vous fuit depuis quelque temps?
L'inspiration est une manière de raisonner qui intègre nos goûts, nos émotions, mais aussi notre souci de l'autre. Nous n'écrivons pas pour nous, mais pour les autres. Aussi, nous cherchons quelque chose à partager avec eux.
Quand on sait ce que l'on cherche, on est rarement "en panne". Même s'il y a des jours où l'on a moins de réussite...
Vous êtes un auteur prolifique! Avez-vous un horaire d'écriture à respecter? Combien de temps vous a pris l'écriture de Messages?
Nous avons des délais à respecter, en particulier pour les séries (les lecteurs lisent beaucoup et, en jeunesse, ils grandissent vite. Nous accompagnons seulement un moment de leur vie et nous devons donc les "nourrir" durant cette période !). Nous écrivons presque tous les jours, car c'est plus simple, plus facile. Les coupures sont dures à gérer.
Pour Messages, c'est environ 2/3 mois de travail pour les 2 tomes.
Pensez-vous qu'il faut être un gros lecteur pour être un bon auteur?
Non. À mon avis, cela n'a pas grand-chose à voir. Même si le plaisir de recevoir des histoires peut déclencher le goût d'en offrir aux autres.
Quels sont vos conseils à ceux qui écrivent, mais qui ont peur de ne pas être bons?
De savoir s'ils écrivent pour eux (dans ce cas, le journal intime est un merveilleux outil) ou pour les autres (dans ce cas, il faut accepter l'avis des lecteurs).
Rafale lecture!
Enfant, étiez-vous un grand lecteur?
Non, pas du tout
Qui vous a donné le goût de lire?
La solitude. Elle a parfois du bon !
Quel est votre livre préféré?
Tous ceux de Roald Dahl.
Quel roman a marqué votre adolescence?
Aucun. Ado, je ne lisais pas.
Quel est le livre sur votre table de chevet?
Un roman de Christian Jacq. J'ai découvert ses romans historiques récemment et je les dévore !
Dans quel endroit préférez-vous lire?
Dans mon lit
Quel est le livre que vous aimez beaucoup, mais que vous avez un peu honte de révéler?
Aucun.
Avez-vous une suggestion de lecture pour ceux qui ont adoré Messages?
C'est trop délicat. En lisant un livre du même auteur, on espère parfois retrouver les mêmes émotions... je ne me risque donc pas sur ce terrain !
Nouveau commentaire