Osez la bande dessinée!

Article rédigé par Anne-Marie Roy

Je me souviens que toute jeune, je me plongeais avec délice dans les aventures de Mafalda, dont je ne comprenais pas la moitié des blagues, mais dont j’admirais le franc parler et l’assurance. Quand j’interroge les adolescents qui se déclarent non lecteurs, je me rends souvent compte qu’ils sont pourtant de grands lecteurs de bande dessinées. Pourquoi n’associent-ils pas la lecture à la bande dessinée? N’aurions-nous pas trop tendance à bouder cet art aux allures parfois simplettes, mais pourtant si riche et si complexe? Je dis qu’il est grand temps de réconcilier la lecture et le 9^e art et de lui ouvrir grandes les portes de l’école!

Quatre raisons pour oser la bande dessinée

Le plaisir

La lecture et le plaisir doivent aller de pair! Lorsqu’on interroge les adolescents sur leurs lectures favorites, quel est le genre le plus prisé? … Bingo! La bande dessinée ! Alors pourquoi ne pas profiter de la popularité de cet art pour cultiver le plaisir de lire en classe ? Il y a tellement de formes, de genres et de thématiques différentes que tout le monde peut y trouver son bonheur. Il y a en outre quelque chose d’universel et de rassembleur dans la représentation par l'image. D'ailleurs cette universalité rend ce format facilement accessible à tous les types de lecteur, et ce, peu importe leur âge.

L’atténuation de plusieurs difficultés

La bande dessinée permet d’aborder plusieurs difficultés de lecture, par exemple l’inférence, cette opération délicate qui consiste à savoir lire entre les lignes à partir d'indices du texte ou de l'image. Tout lecteur de bande dessinée, sans le savoir, est un as de l’inférence, puisqu’il en fait entre chacune des cases. Il doit en effet compléter la séquence pour comprendre les liens entre les vignettes et, souvent, il le fait tout naturellement grâce au soutien de l’illustration ou du texte, sans même s'en rendre compte.

La même chose se produit pour les lecteurs ayant du mal à se faire leur propre cinéma. L'illustration de la bande dessinée situe l’action en un coup d’œil, permettant ainsi au lecteur moins habile de se concentrer sur le fil de l’histoire et, du coup, évite de longues descriptions parfois pénibles.

Et pour ceux ayant du mal à décoder les émotions des personnages, je leur recommande chaudement le manga! Les émotions des personnages, souvent très marquées pour ne pas dire exagérées, ne laissent aucun doute quant aux intentions de l'auteur.

La motivation

« Comment motiver mes élèves à lire? » LA question la plus souvent posée autour de moi. S'il n'y a pas de solution miracle, je dis que le libre choix, la variété des genres, le plaisir et le sentiment de compétence sont des éléments clés. La bande dessinée répond très bien ces critères, à partir du moment où on accepte ce genre comme acte de lecture légitime. Trop souvent, et à tort, on dévalorise le lecteur de bande dessinée. « C'est trop facile – Il n'y a presque pas de texte – C'est juste des images – C'est bourré de stéréotypes - C'est violent, etc. » Oui, certaines œuvres possèdent ces défauts, mais il y a un si grand catalogue de bandes dessinées, et avec une telle diversité, qu’il faut cesser de se cloitrer derrière les préjugés.

La richesse du 9^e art

Chaque semaine, je découvre un nouvel auteur, une nouvelle illustratrice, une nouvelle façon de narrer une histoire. La richesse et la complexité de certaines histoires, la finesse de certains univers, la poésie des certains textes…tout est sujet d’étonnement et de découvertes dans le vaste univers de la bande dessinée.

C’est d'ailleurs cette richesse que je tenterai de vous faire découvrir à travers mes contributions (la première étant sur Les vacheries)! Alors, oserez-vous la bande dessinée avec moi?