Comme un poisson dans l'arbre est un livre visant les lecteurs de 9 ans et plus, mais qui pourrait aussi être vraiment intéressant pour les plus vieux, surtout ceux qui sont dyslexiques comme Allie. La narratrice met en effet des mots sur ce qu'elle vit et permet de mieux comprendre sa réalité. Mieux, le livre est disponible dans un format numérique adapté aux lecteurs dyslexiques. Lisez le premier chapitre et vous serez convaincus!
C’est toujours là. Comme le sol sous mes pieds.
—Eh bien, Allie? tu vas te décider à écrire ce texte, oui ou non? me demande Mme Hall.
Ce serait plus facile si elle était méchante.
—Allons, m’encourage-t-elle, je sais que tu en es capable.
—Et de grimper dans un arbre rien qu’avec mes dents, vous croyez que j’en suis capable?
Oliver éclate de rire et se jette sur sa table comme sur un ballon de foot. Shay râle en levant les yeux au ciel.
—Allie, tu ne peux pas te conduire normalement, pour une fois?
À côté d’elle, Albert, un grand garçon costaud qui porte tous les jours le même tee-shirt – un tee-shirt 10 noir, avec le mot «FLINT» imprimé dessus – est assis tout droit sur sa chaise. Comme s’il attendait qu’un pétard explose. Mme Hall pousse un soupir.
—Un peu de sérieux. Je te demande seulement un texte d’une page pour te décrire.
Qu’est-ce qu’il pourrait y avoir de pire que de me décrire? J’aurais préféré un sujet plus positif. Comme de vomir à ma fête d’anniversaire.
—C’est important, insiste Mme Hall. C’est pour que votre nouveau maître vous connaisse mieux.
Je le sais très bien. Et c’est même pour ça que je ne veux pas le faire. Les maîtres d’école sont comme les distributeurs de balles rebondissantes. On sait ce qu’on va avoir et en même temps c’est toujours la surprise.
—Regarde-moi tous ces gribouillages, Allie. Si tu ne passais pas ton temps à dessiner, ton travail serait peut-être terminé. S’il le plaît, range-moi ça.
Un peu gênée, je glisse mes dessins sous la feuille blanche où je n’ai rien écrit. Je me suis dessinée en femme canon. C’est sûrement moins dur que l’école. Et ça doit faire moins mal.
—Allez, dit la maîtresse en poussant la copie à grands carreaux devant moi. Fais de ton mieux.
Sept écoles différentes en sept ans et c’est toujours la même chanson. J’ai beau m’appliquer, ce n’est jamais assez bon pour eux. J’écris comme un cochon. Je fais des fautes ou j’oublie des lettres. Je n’écris pas le même 11 mot partout de la même façon sur la même page. Et j’ai mal à la tête. Le contraste des lettres noires sur les feuilles blanches me fait toujours mal à la tête quand je les regarde trop longtemps.
Mme Hall s’éclaircit la voix.
Je fatigue encore toute la classe. Les élèves s’agitent sur leur chaise. Ils poussent des soupirs. Ils croient peut-être que je ne les entends pas?
«Elle est trop bizarre.» «Quelle débile! Elle est nulle.»
Qu’elle aille donc embêter Albert, c’est un vrai Google ambulant. Il aurait une meilleure note que moi rien qu’en se mouchant dans sa copie.
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