Pour ou contre la mort des personnages?

 
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13 mai 2011

Attention, le texte suivant dévoile certains éléments des finales du roman la Princetta et le Capitaine et des séries Harry Potter et Lapinot... vous êtes avisés!

Faire mourir ou pas ses personnages? La question m'est venue quelques fois en tête au fil de mes lectures. En effet, j'ai parfois eu l'impression que l'auteur protégeait trop ces derniers, quitte à créer des incohérences entre les capacités de l'un d'eux et ce qu'il arrivait à surmonter comme épreuves. En effet, plusieurs choisissent de créer un rebondissement favorable plutôt que de laisser mourir leur héros...

Arthur Conan Doyle a été l'un des premiers à faire mourir un de ses personnages principaux, dans son cas LE principal, la presque mythique figure de Sherlock Holmes. Il disait en avoir marre, ne plus avoir envie de lui donner des aventures et il avait donc décidé que la mort était la meilleure solution pour ne pas revenir en arrière. Il a d'abord résisté aux demandes de ses lecteurs, mais a fini par céder et par faire revenir le célèbre détective d'entre les morts, d'abord dans une aventure antérieure à sa disparition, Le chien des Baskerville, puis pour une nouvelle série d'aventures, au grand plaisir de ses lecteurs qui s'étaient attachés à Sherlock Holmes.
En effet, la plupart des lecteurs créent un lien entre eux et les personnages d'un roman, ces derniers prenant presque vie dans l'imaginaire du lecteur. Les lecteurs avancés ont d'ailleurs habituellement ce réflexe, ce qui leur permet de mieux entrer dans l'univers présenté par l'auteur et ce  qui les motive aussi à tourner des pages! La motivation de la lecture passe en effet souvent pas l'intérêt lié aux aventures en général, mais surtout aux personnages qui les lisent. Cela peut expliquer pourquoi les auteurs rechignent à les faire mourir.

Pour ma part, j'ai terminé La Princetta et le Capitaine mardi et j'ai beaucoup aimé la fin, surtout parce quelques-uns de mes personnages préférés de cette histoire meurent. Sadisme? Pas du tout. En fait, j'en ai voulu sur le moment à Anne-Laure Bondoux parce que je me suis attachée à ces personnages et que leur mort m'a fait pleurer (eh oui, je suis une grande sensible), mais il me semble que c'est tout de même la bonne façon de faire. Dans la réalité, ce n'est pas parce que quelqu'un est aimé qu'il survit à tout, loin de là! J'ai aimé cette fin parce que l'auteure n'a pas cherché à tout prix la fin heureuse. En effet,  elle a sacrifié certains personnages principaux parce que c'était logique et dans l'ordre des choses, que c'était logique.

Avec la culture des films romantiques qui se finissent toujours bien et des bouquins qui suivent le même modèle, le lecteur a tendance à prendre pour acquis une fin heureuse et il ne prend donc pas au sérieux les dangers qu'affrontent les personnages principaux. Les personnages secondaires, eux, peuvent mourir pour apporter des rebondissements, mais les piliers d'une oeuvre ne le peuvent pas. Je veux bien croire que certains héros bardés de talent et de pouvoirs spéciaux arrivent à tout surmonter, mais lorsqu'un personnage est présenté comme ordinaire, doué mais sans talent surnaturel, il me semble normal qu'il ne puisse survivre à tout sans la moindre égratignure.

Il ne faut cependant pas croire que les auteurs tuent leurs personnages de gaité de coeur, encore plus lorsque ces derniers  sont les protagonistes d'une longue série, comme l'a été Sherlock Holmes et comme le sont bien d'autres. En effet, l'auteur passe encore beaucoup plus de temps en leur compagnie que le lecteur! Deux exemples me viennent en tête : J.K. Rowling a dit avoir eu énormément de mal à faire mourir certains de ses personnages, que c'était un véritable deuil. Lewis Trondheim, pour sa part, a fait mourir Lapinot, le personnage principal de sa série, suite à un long processus d'écriture. Il a dit avoir jeté plusieurs versions parce qu'il essayait d'éviter cette fin dramatique, mais parfois l'inspiration a ses chemins et refuse la douceur.  

Pour ma part, je crois donc qu'il est parfois bon de laisser vivre un personnage sans chercher à le protéger à tout prix et qu'il faut savoir le laisser partir lorsque c'est logique, tout ça à condition de créer le bon contexte! En fait, j'aime savoir que les personnages ne bénéficient pas d'office d'une aura d'immunité, qu'ils sont vraiment en danger, ça me garde attentive! Enfin, je dis ça, mais je ne suis pas certaine de j'arriverais à faire mourir un personnage que j'ai créé... comme l'illustre la bande dessinée de la semaine!
 
Et vous, qu'en pensez-vous? Appréciez-vous une oeuvre même si un personnage important disparait?
Vous avez trouvé une faute ? Oui, j'en laisse parfois passer. N'hésitez pas à me la signaler à sophiefaitparfoisdesfautes@sophielit.ca et je la corrigerai ! Merci et bonne lecture ! :-)
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Annie Bacon (13.05.11 à 22 h 13)

J'adore lorsque des personnages meurent, comme tu dis: ça donne immédiatement de la crédibilité au sens de danger. Par contre, je DÉTESTE lorsqu'ils ressuscitent! Je pense entre autre à une certaine bande dessinés jeunesse(que je ne nommerai pas pour cause de "spoilers") à laquelle j'en veux encore!
liceal (14.05.11 à 00 h 27)

j'aime aussi que tout ne soit pas lisse ou politiquement "vivant"!!! Mais cela ne m'empêche d'être malheureuse lorsqu'un personnage que j'aime meurt. Je parle longtemps de ce drame... récemment cela m'est arrivé sur la série Astro, un manga, et une amie et moi parlons encore d'un de nos regrettés
Andrée Poulin (14.05.11 à 02 h 33)

Bien d'accord qu'il faut parfois faire mourir des personnages et on ne voit pas assez de ces "morts" dans la littérature québécoise. Il faut dire aussi que les éditeurs (surtout dans le jeunesse) sont frileux de ce côté là et il faut travailler très fort pour les convaincre de parler de mort... et souvent, on n'a pas gain de cause...
robert soulières (16.05.11 à 17 h 57)

C'est à la demande de SOPHIE LIT que J'émets ce commentaire:
Lorsque Andrée Poulin dit que certains éditeurs suggèrent fortement à leurs auteurs de ne pas faire mourir leurs personnages... c'est possible. Mais chez Soulières éditeur, on laisse toujours pleine liberté aux auteurs à ce sujet. L'occasion de le faire ou de ne pas le faire ne s'est pas présentée par contre. Cependant, il arrive qu'on dise à un auteur qu'une trilogie c'est bien assez pour épuiser un thème... dans le cas des Atlas de Diane Bergeron la trilogie s'est étirée jusqu'à 5 tomes queqleus années plus tard... ! Comme quoi, les auteurs n'écoutent pas toujours leur éditeur, fort heureusement ahahaah!
robert soulières

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