À douze ans, Mila possède la capacité exceptionnelle de lire les petits détails d’une situation ou d’une personne et de comprendre des choses qui passent habituellement inaperçues. C’est ce qui la rend si précieuse quand elle part avec son père sur la trace du meilleur ami de ce dernier, mystérieusement disparu, laissant derrière lui sa femme et son bébé, mais aussi son chien, Honey. Lors du road-trip qui les amène jusqu’à la frontière canadienne, Mila se rend compte que, si elle comprend beaucoup de non-dits, il y a encore bien des choses qui lui échappent dans le monde complexe des adultes…
Roman réaliste qui parle de fuite, de silence et d’incompréhension, Au bout du voyage de Meg Rosoff est un texte initiatique qui s’adresse principalement à des lecteurs experts à cause du style un peu difficile d’accès de l’auteure.
Je ne connaissais pas Meg Rosoff et je dois dire que j’ai été surprise au départ par son style particulier. Et effet, elle rend son texte en bloc, sans ponctuation pour marquer les dialogues, sans changement de paragraphe pour aider le lecteur à faire la part entre narration et introspection. Il faut donc un certain temps pour s’adapter et, si c’est intéressant sur le plan du style, ça rend le texte moins fluide puisque le lecteur a un travail plus grand à faire pour bien saisir le sens de ce qui a parfois des aspects un peu brouillon.
Cependant, il faut bien avouer que cette façon de faire convient tout à fait à ce roman où Meg Rosoff joue avec les frontières, s’amusant à les rendre floues. Celle entre narration et dialogue oui, mais aussi celles entre réalité et fantastique, à cause des détails vraiment surprenants que capte Mila, et entre adolescence et âge adulte.
La jeune fille prend ainsi conscience des failles qui parsèment les adultes qui l’entourent et s’aperçoit que, même si elle va au-delà de ce qu’une adolescente arrive habituellement à comprendre, il y a encore bien des nuances de gris qu’elles ne soupçonnaient pas. Bien construit avec une intrigue rythmée par différentes révélations, Au bout du voyage accroche même s’il ne présente pas tant d’action parce qu’il parle de la vie, simplement, avec beaucoup de finesse.
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