Écoutez Camille Bouchard lire le début :
Faustina Dupré a accepté de transporter de la drogue depuis le Mexique, voyant là une occasion de faire facilement beaucoup d’argent. Mais la jeune Canadienne se fait prendre et, après un passage à tabac particulièrement violent dans les sombres locaux de la police, elle est remise entre les mains d’une dénommée Carmen. Celle-ci s’assure que Faustina retrouve son vrai visage, mais ce n’est pas par seule bonté. En effet, la jeune femme a besoin de la beauté de la Canadienne pour trouver un meurtrier. De mule, Faustina devient appât…
Alternant entre le récit de ses péripéties que Faustina livre en pensées à sa sœur Guadalupe et les souvenirs des étapes qui ont menée la jeune fille en prison, Camille Bouchard dresse un portrait sombre du Mexique, parlant de transport de drogue et des féminicides de Ciudad Juarez. Bref et rythmé, le récit s’adresse à des lecteurs assez âgés car la réalité qui y est dépeinte est crue et certaines scènes difficiles à lire.
Camille Bouchard est un grand auteur et il le prouve encore une fois avec ce récit où la qualité de son écriture permet de donner encore plus de relief à un récit captivant. À travers l’histoire de Faustina, c’est une facette souvent inconnue du Mexique que découvre le lecteur, d’abord avec le trafic de drogue, Camille Bouchard donnant suffisamment de détails pour rendre son récit crédible et déstabilisant, puis avec les féminicides de Ciudad Juarez. Ces derniers, des meurtres de femmes qui passent souvent sous silence et auxquels peu d’attention est portée, sont méconnus et pourtant réels, donc particulièrement percutants à la lecture. Et Si Carmen est la geôlière de Faustina, elle est aussi une femme de caractère qui cherche à venger sa sœur et qui sait qu’elle ne peut compter que sur elle-même pour que justice soit faite. En apprenant à la connaître, le lecteur s’attache, compatit, et ce même si sa façon d’utiliser Faustina donne des frissons dans le dos.
Par ailleurs, la construction du récit est intéressante, l’alternance donnant encore plus d’impact à la dure réalité quand on la compare à la naïveté de l’adolescente au départ. La collection Magellan s’adressant à des lecteurs de quatorze ans et plus, les scènes sont crues, mais aussi bien dosées, ne tombant jamais dans le voyeurisme. En fait, on sent tout au fil du récit le souci de réalisme, Camille Bouchard parsemant aussi son histoire de mots mexicains et d’éléments de culture locale afin que le lecteur ait vraiment une impression de dépaysement. Vraiment, c’est un très bon livre et un outil parfait pour décourager ceux qui pourraient envisager l’expérience de la mule…
Sophielit est partenaire des Librairies indépendantes du Québec (LIQ). Cliquez ici pour plus d'informations sur ce partenariat.
Nouveau commentaire