À l’aube de son entrée au cégep dans le programme Arts et Lettres, Léon a décidé de garder la forme pendant l’été. Entre ses heures de travail au service de garde du camp de jour, il se rend au gym du coin où, soucieux de respecter l’adage « Un esprit sain dans un corps sain », il déguste des recueils de poésie en avalant les kilomètres sur un vélo stationnaire. C’est à ce Nautilus qu’il rencontre Marky Mark, véritable montagne de muscles qui semble si imbue d’elle-même, et Félindra, la Fée Adidas qui ingurgite les calories de son Coke diète pendant ses entrainements. À leur contact, Léon découvre de nouveaux horizons…
Découpé selon la forme d’un programme d’entrainement et entrecoupé de recettes de shakes protéinés, de croquis et de citations de poètes, ce roman d’à peine cent pages est riche en thèmes et porté par l’écriture éclectique et colorée de Simon Boulerice. Visant un public tant adolescent que jeune adulte, Paysage aux néons convient aux lecteurs intermédiaires et avancés.
Si on retrouve dans Paysage aux néons le même Léon que dans Jeanne Moreau a le sourire à l’envers, et que le narrateur glisse un mot sur son frère et ses troubles alimentaires et sur Léonie, on est ici dans un tout autre univers. Il n'est donc pas nécessaire d'avoir lu le premier roman avant de découvrir celui-ci.
En fait, plutôt que d’être l’acteur central de son récit, Léon se pose ici en observateur. Simon Boulerice a un regard perçant, une plume efficace pour présenter des personnages fascinants, hors de l’ordinaire et cette fois c’est un culturiste et une fée Adidas accroc au coke diète (même quand elle s’entraine), qui se retrouvent sous sa loupe. À travers eux, Boulerice parle d’apparence et de culte du corps, mais aussi de vulnérabilité et de couple. Si le roman est un peu trop court et donne parfois l’impression de ne faire qu’effleurer des thèmes très riches, il permet toutefois au lecteur d’entrer dans la réalité de personnages touchants et surprenants, mais plus adultes qu’adolescents, créant un roman qui parlera davantage aux lecteurs plus âgés.
En fait, ce roman semble en être un de transition. Entre l’univers adolescent et le monde des adultes avec Léon lui-même, qui a gagné en maturité depuis Jeanne Moreau, entre les romans pour adolescents de Boulerice et ceux qu’il a écrits pour les adultes, certains personnages de ce récit rappelant des passages de Javotte et, finalement, entre la prose et la poésie au fil du roman. Cette dernière transition se vit littéralement, Boulerice parsemant d’abord son récit de citations de poètes, sympathique idée pour donner envie d’en lire davantage, puis laissant place à la poésie du narrateur lui-même.
En bref? Un roman riche, mais peut-être un peu court pour toute la richesse de ce qui est sous-entendu. Il n’en reste pas moins que c’est le genre de livre à relire plusieurs fois, pour les délicieuses phrases de l’auteur, pour les personnages colorés et pour la poésie entre les lignes.
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