Totem

Louis n’a pas du tout envie de passer une semaine au camp scout. « Vous vous débarrassez de moi! » crie-t-il à ses parents. Mais ceux-ci pensent que la forêt fera du bien à Louis et l’aidera à surmonter ce qui s’est produit avec son frère.

Toutefois, si le séjour lui permet en effet de se changer les idées, il lui crée aussi de nouveaux problèmes. D’abord, il y a l’accueil difficile des scouts plus âgés, puis une bête qui vient rôder, et toujours ce secret, si lourd à porter.

Bande dessinée initiatique, Totem entraine le lecteur dans une histoire où les non-dits et les métaphores deviennent parfois réalité et où il est question du passage de l’enfance à l’adolescence, de scoutisme, de deuil. Complexe, elle s’adresse à des lecteurs assidus.

Mon avis

Elle est foisonnante cette bande dessinée. Il y a le deuil, la maladie, mais aussi le passage difficile (et pas toujours en même temps) de l’enfance à l’adolescence, le rapport à l’autre, à l’amour, aux filles. Il y a en outre la difficulté à affronter la réalité, l’envie de fuite, le tout dans un récit où toute la place est laissée aux enfants et aux adolescents puisque les parents n’apparaissent qu’au téléphone, qu’en filigrane. L’ensemble sonne authentique malgré les passages plus métaphoriques parce qu’on touche encore à un aspect très important de ce passage entre l’enfance et l’adolescence ; le glissement immanquable du jeu, et de l’imaginaire à la réalité, ce qui est bien pensé, mais aussi très émouvant.

Avec un scénario si touffu, les illustrations se devaient d’être inventives et Mikaël Ross a relevé le défi avec des planches captivantes, intenses. Le dessin, sombre et très noir pour raconter cette histoire dont la plupart des passages se déroulent la nuit, est nerveux et rend bien les expressions, les émotions des personnages. S’il n’est pas nécessairement facile d’accès, ce style était le mariage parfait pour le scénario brillant de Nicolas Wouters. On ne se surprend pas que cette bande dessinée ait gagné la Pépite du Salon du Livre et de la Presse Jeunesse de Montreuil pour les Grands (12 ans et +). Chapeau!

Merci à Sarbacane pour la lecture et à Pierre-Alexandre Bonin pour la révision du billet.