Monelle, Julien, Marie-Ange et Sami vont dans la même école d’art. Alors que les deux premiers commencent à se fréquenter, les deux derniers tombent sous le charme du nouveau modèle de leur cours de nu, Joos. On est dans les années ’90, alors que l’épidémie de VIH fait rage et rapidement l’histoire d’amour qui se tisse entre Sami et Joos prend des airs de drame. Après l’insouciance d’un weekend à St-Malo, la bande apprend que Joos est séropositif. Alors que chacun réagit différemment et que les adultes ont plus tendance à aller vers le rejet que l’entraide, Marie-Ange, adolescente qui a été élevée par des parents ultras catholiques, choisit de réagir. Rejoignant le mouvement Act’Up, devenant Mary (un prénom plus affirmé), elle trouve peu à peu sa propre voie en essayant de donner de la visibilité à ceux qui sont atteints du VIH et à leurs proches.
Publié dans la collection Les Héroïques, qui met en scène des personnages féminins forts qui ont eu un rôle à jouer dans la société, D’un trait de fusain parle de sexualité dans les années ’90, quand le VIH faisait rage et que la plupart des gens préféraient se fermer les yeux.
« S’habituer... S’habituer à passer du rire aux larmes en quelques secondes. De la plaisanterie la moins fine à la peur la plus forte. Avec la mort infiltrée. »
D’un trait de fusain, c’est à la fois une référence au cours d’art, là où tout commence, et au dessin des corps étendus dans la rue, quand les membres du mouvement Act’Up cherchent à ouvrir les yeux du monde sur tous ces gens qui meurent du sida dans le rejet, dans l’indifférence. Cette double référence est un bel exemple de la qualité de la plume de Cathy Ytak, qui a su créer des personnages tout en nuances, très humains, faits de désirs, d’espoir, de failles.
Très réaliste, rendant bien l’époque où se situe l’intrigue tout comme la force des émotions vécues par les personnages, le récit ose aussi certaines scènes plus crues sur le plan de la sexualité, notamment quand Mary découvre son propre corps. Ce n’est toutefois jamais gratuit, et bien amené, permettant à l’auteure de glisser certains détails plus didactiques en lien avec la prévention.
D’un trait de fusain, c’est un roman qui rappelle l’importance des rapports protégés, mais qui permet aussi à ses lecteurs de découvrir tout un pan de l’histoire liée au VIH, tout ce par quoi ont dû passer les militants. Encore une fois, la collection Héroïque frappe fort. Chapeau!
À noter : le roman fait écho au film 120 minutes, les deux sont intéressants à lire/voir ensemble!
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