Detroit

Billet rédigé par Geneviève Bossé, enseignante

« Un jour, Detroit s’ouvrira comme une fleur aux mille couleurs et tout brillera pour toi. »

La ville de Detroit, Motor City, observe attentivement ses résidents. Ceux qui tentent par tous les moyens de redonner beauté et dynamisme à cette agglomération devenue fantôme à la suite de la débandade de deux géants américains, Chrysler et General Motor, en 2008. Parmi ceux qui ne l'ont pas déserté se trouve Tyrell, un adolescent brillant, mais qui gère difficilement ce surplus de colère qui l’habite continuellement. Une chicane avec Jermaine, son meilleur ami, qui a rejoint les rangs d’un gang de rue, complique les choses.

Ethan Owl, lui, arrive de New York. Jeune journaliste rempli d’idéalisme, il est convaincu que ses articles au sujet de Motor City feront de lui le prochain lauréat du prix Pulitzer. Il s’intéresse surtout au système d’éducation qui semble corrompu. Par le biais de ses recherches, il croise la route de l’agent Moore, une policière qui se donne corps et âme pour sa ville.

Roman à trois voix, Detroit plonge le lecteur dans cette ville américaine qui tente de revivre après des années où elle a vu sa population la quitter. Les gangs de rue, la violence, le racisme, la pauvreté et la corruption, des thèmes très urbains, contribuent au réalisme saisissant de l’histoire.

Mon avis

La collection Électrogène des éditions Gulfstream se démarque par des romans qui mélangent les genres. Detroit, de Fabien Fernandez, ne fait pas exception. Dès les premières pages, le lecteur est happé par cette narration à trois, incluant Motor City, la ville elle-même. Cette ville prend la parole et partage son point de vue, très critique, autant au sujet de sa propre personnalité qu’à propos de ceux qui l’habitent, dont Tyrell et Ethan. On s’attache très rapidement au premier, car sa volonté de survivre dans ce monde morose et violent nous touche automatiquement. Entre ses rêves et ses désillusions, l’adolescent demeure très lucide quant aux difficultés qui croisent sa route. Quant au journaliste, Ethan, sa vision et son analyse de Detroit complètent le portrait ancré dans la réalité de cette ville américaine. D’ailleurs, de nombreuses références historiques permettent d’en apprendre davantage sur la descente aux enfers et la renaissance de Motor City.

Bref, Detroit est un roman très contemporain, très urbain et qui plaira aux lecteurs friands d’histoires basées sur des faits réels. Le petit plus? Des citations provenant de chansons d’Eminen, de Linkin Park et de Rage Against the Machine débutent chacun des chapitres, annonçant chaque fois leur couleur.

Merci aux éditions Gulfstream pour le roman!