2038. Un nouveau gouvernement totalitaire élut à 95 % des voix instaure de nouvelles règles concernant les personnes handicapées, différentes ou non conformes. Josépha fait partie de ces personnes. Atteinte d’hypertrichose (une forte pilosité sur tout le corps qui donne l’impression qu’elle est animale), la jeune fille a souvent été mise à part par ses pairs, mais jusqu’alors ses résultats scolaires lui permettaient de rester dans les bonnes grâces de ses enseignants. En 2038, elle expérimente pour la première fois les joies d’une réelle amitié quand tout à coup son monde bascule. Arrachée à sa famille, elle est amenée dans un centre qui a des allures de camp de concentration et forcée de participer à une émission de téléréalité avec quatre autres « différents » comme elle. Si elle considère au départ qu’elle a de la chance d’être bien soignée, la situation se dégrade rapidement. Mais peut-elle vraiment changer les choses ?
S’inspirant des horreurs commises lors de la Deuxième Guerre mondiale par le régime nazi, Laura Jaffé propose une intrigue courte et percutante avec ce livre écrit sous la forme d’un journal intime. Accessible à tous, il s’adresse toutefois à un public avisé étant donné ce qui y est présenté.
C’est avec une certaine naïveté, par la voix de Josépha, que l’autrice raconte cette histoire perturbante inspirée du passé, mais projetée dans le futur, comme un rappel que c’est encore possible. À travers le journal intime de celle qui se décrit elle-même comme une fille-chien, on retrace les différents changements qui surviennent dans son quotidien : du rejet initial à une période plus heureuse jusqu’au basculement, de l’arrivée au Centre et des premiers privilèges à la téléréalité et la compréhension de ce qui se produit au rez-de-chaussée pour les enfants en bleu et à son désir de ne pas seulement se sauver elle-même, mais de révéler ce qui se passe aux autres. Bien que cette technique aurait pu confiner le lecteur au point de vue de Josépha, l’autrice a su trouver le moyen de permettre une vision plus large notamment grâce au compte rendu d’une ambulancière et, à la fin, d’un article de journal.
Le rythme rapide de ce roman, tout tient en 104 pages, rend cette descente aux enfers encore plus glaçante. On n’a pas le temps de s’habituer, chaque fois ce qui se produit va plus loin, déstabilisant le lecteur tout comme les personnages. C’est un récit marquant et nécessaire en cette ère où de plus en plus de peuples sont tentés de se refermer sur eux-mêmes et de fermer leurs portes aux « autres » et à la différence.
Le petit plus? Le roman est complété par quelques pages explicatives qui révèlent certains faits réels de la période nazie, notamment des expériences menées sur les personnes handicapées par le docteur Mengele et aux lois mises en place permettant les meurtres de masse.
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je trouve qu'il ne parle pas assez du couple de Josépha et de lorenzo car c'est comme sa qu'il arrive à tenir tous les deux