Parles-tu chocolat?

 
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Jean-François Tremblay a aimé ce livre
Billet rédigé par Jean-François Tremblay, enseignant

Quand Nadima met les pieds en classe pour sa première journée, tous les élèves la dévisagent, sauf Jaz. Contrairement aux autres, celle-ci arbore un immense sourire l’invitant à s’assoir à ses côtés. À la pause suivante, alors que les deux filles restent ensemble, la situation se complique un peu : Jaz s’aperçoit que Nadima ne parle pas anglais. C’est alors qu’elle a la bonne idée pour briser le silence gêné : offrir un morceau de chocolat à sa nouvelle collègue de classe. Ainsi débute une belle amitié.

Au fil des semaines, les filles apprennent tranquillement à se connaitre. Par des petits mots, par des gestes, par des textos plein d’émojis, par des vidéos Youtube, par le traducteur de leur portable, par des soupers dans leur famille, les deux adolescentes dépassent la barrière de la langue. Quand Jaz découvre finalement que Nadima est une réfugiée syrienne qui a échappé de peu à la mort, elle décide de l’aider à sa façon. Malheureusement, Jaz a une capacité hors du commun à se mettre les pieds dans les plats.

Parles-tu chocolat? est le premier livre traduit en français de l’auteure anglaise Cas Lester. Publié en 2017 dans sa version originale et en 2018 chez Castelmore (version régulière et version dys offertes), ce roman réaliste écrit à la première personne raconte la vie sociale et familiale de Jaz, jeune adolescente de 6e (première année du collège (secondaire) en France). Abordant les thèmes de l’amitié, de l’immigration et des réfugiés de guerre, il convient à tout lecteur adolescent, et même, aux plus jeunes de 10 ans et plus.

Mon avis

Quelle belle surprise que ce Parles-tu chocolat?! Je redoutais, au départ, une lecture plutôt convenue sur les hauts et les bas d’une adolescente. Si je ne me suis pas trompé sur le thème, il aurait toutefois été bien malheureux de passer à côté en sous-estimant la force et la beauté du roman!

Pourquoi fort? D’abord, par le réalisme remarquable qui s’en dégage. Les dialogues sont nombreux, vivants et crédibles. Les péripéties, bien que souvent ordinaires, sont décrites sans complaisance par la narratrice et avec beaucoup d’exagération et d’émotion. Le tout est savoureux à souhait et colle à la réalité des ados! Dans son aplomb comme dans ses ennuis, Jaz démontre tant une grande force qu’une grande vulnérabilité, ce qui la rend extrêmement attachante. Les passages avec sa meilleure amie Lily, qui est en quelque sorte prise entre Jaz et Kara qui se détestent, sont touchants et brillamment montés. Il y est entre autres question d’acceptation des défauts, de jalousie et d’exclusivité en amitié. Les tensions autant que l’affection entre les filles du groupe sont palpables. On y croit vraiment, comme lecteur! Et on se plait à détester Kara avec Jaz. Et à rire de leurs folies ou de celles de leurs deux amis garçons. Quant à Lily, qui essaie de ramener l’harmonie entre tous, sa résilience, son amitié pour les deux filles et sa maturité impressionnent. Par ailleurs, la vie familiale de Jaz, avec ses trois grands frères et sa mère, rappelle l’ambiance à la fois tumultueuse, intimiste, tendre et chaleureuse des Quatre sœurs ou de la famille Weasley. On ne s’y ennuie pas, même dans la banalité du quotidien!

Tous ces éléments formeraient déjà une recette gagnante pour un excellent roman réaliste. Pourtant, le personnage de Nadima, dont je n’ai pas encore parlé ici, en constitue à mon avis sa plus grande beauté. En fait, ce n’est pas tant le personnage qui marque, mais la célébration de l’amitié et de l’acceptation à travers elle. Jaz, qui se sent déjà assez différente avec sa dyslexie, ses difficultés scolaires et son père absent, voit chez elle une compréhension et une ouverture qui surpassent leurs difficultés à communiquer. Un hijab? Cela ne semble pas la déranger. D’ailleurs, le lecteur n’apprend que presque 100 pages après son arrivée qu’elle en porte un et qu’elle est Kurde. Néanmoins, Jaz se pose plusieurs questions pour lesquelles la réponse n’est pas facile. Comment pourra-t-elle passer une belle soirée chez sa nouvelle amie si personne ne parle anglais? Est-ce correct de ne pas l’inviter à une soirée où elle veut surtout profiter de la présence de Lily?

Au final, malgré la présence bien sentie des thèmes de l’amitié et de l’immigration, ce qui ressort le plus de la lecture est l’idée de ne pas s’arrêter aux premières impressions et d’aller voir plus loin chez les gens. C’est en s’ouvrant aux autres avec intérêt et empathie que le dialogue devient vraiment possible, et ce, peu importe la langue parlée.

P.-S. « Jaz » a ajouté les recettes kurdes de l'histoire à la fin du livre.

Pour l'acheter en version DYS, c'est ici!

Merci à Castelmore pour le roman!  

Billet corrigé par Antidote 9 juste avant d'être publié par Jean-François Tremblay le 25 janvier 2019.

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Parles-tu chocolat?
Cas Lester
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