« Qui aime bien châtie bien. » C’est ce que dit le proverbe. Mais pour Valentine, la violence verbale et physique, ce n’est pas, ce n’est plus de l’amour. Sa mère a toujours été dure avec elle, mais depuis la mort du père qui lui servait de bouclier, l’adolescente ne fait qu’encaisser les coups sans savoir comment se défendre. Incapable non plus de se résoudre à mettre des mots sur sa réalité. À laisser les autres vraiment comprendre ce qui se passe derrière les murs. Mais aujourd’hui, Valentine a inversé les rôles. Elle a giflé sa mère. Et il se pourrait bien qu’elle parle, grâce à ce personnage de clown qui lui fait tant de bien et dans lequel elle retrouve son lien avec son paternel disparu…
Paru dans la collection « Ego » qui propose de courts textes écrits à la première personne, ce récit percutant parle de violence familiale et de résilience. Pour les lecteurs intermédiaires et avancés.
C’est bref, 64 pages, mais ça peut être puissant. Comme une gifle. Isabelle Vouin a écrit ce récit avec un souffle fort qui pousse son lecteur un peu dans tous les sens jusqu’à une finale bien sentie. Au départ, les images se suivent et se chevauchent rapidement, on a l’impression d’écouter un monologue livré avec rage et qui n’a pas été « réfléchi » à l’avance, Valentine partageant des fragments de son présent et de son passé un peu à l’emporte-pièce. À nous de refaire le fil.
À travers son discours on comprend que la souffrance est là depuis la petite enfance, on découvre une adolescente pour qui la relation mère-fille est un champ de mines, qui n’a pas eu le temps d’apprendre la douceur, qui se réfugie au cirque, dans son apprentissage en tant que clown que sa mère cherche encore une fois à ridiculiser. Par peur peut-être qu’il lui arrive la même chose qu’à son père ?
Puis les fils se nouent et les derniers chapitres sont particulièrement bien réussis, montrant qu’il est possible d’espérer dans chaque situation. Et que parfois ce sont des voies détournées qui permettent de trouver un peu d’air.
En bref ? Un livre percutant, complexe dans sa structure, puissant dans son ton, qui ne laisse pas indifférent, mais qui peut être ardu à approcher.
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