Extincta

 
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Répartis en différentes cités, les humains ayant survécu au Grand Effondrement se sont repliés sur la religion, seule source d’espoir. Suante, vouée au travail éreintant dans les algues, Astréa rêve d’être élue pleurante et pouvoir ainsi se consacrer à Terra. Mais sa route dévie le jour où son frère se rend coupable d’un terracide. Obligée de fuir, désirant par-dessus tout comprendre comment il a pu commettre un tel geste, Astréa demande l’aide des Fils de personne pour s’introduire au Castel où est retenu son frère. Mais rien ne se passera comme prévu.

Faisant partie des Apex, humains aux yeux et cheveux mauves qui forment la caste dirigeante, fils ainé du roi de Viridienne, Océrian aurait dû être le prochain à régner. Mais un accident qui lui a fait perdre sa jambe l’a relégué à l’ombre et aux moqueries. Du moins jusqu’à ce qu’un mariage soit nécessaire pour unir son peuple à celui des Flamboyant, qui monte en puissance, et qu’il soit choisi par son père pour le convoi nuptial, ce dernier voyant là une occasion d’éloigner à jamais ce fils décevant. Mais Océrian rêve d’autre chose et décide de fuir malgré sa jambe mutilée.

Leur route se croise, l’une devenant la ravisseuse de l’autre, mais les rôles se mélangeront alors qu’ils tentent chacun de cheminer vers leur destin. Le temps presse. L’humanité s’éteindra dans 255 heures.

Extincta est un récit de science-fiction aux allures dystopique qui vise les grands lecteurs, l’intrigue imaginée par Victor Dixen s’étirant sur 608 et nous entrainant dans une aventure qui mêle croyances, dérives humaines et sentiments.

Mon avis

« Récolter les algues mures avant qu’elles ne se décomposent et empoisonnent l’air de leurs gaz ; faire remonter les jeunes pousses en surface afin qu’elles croissent et s’épanouissent ; trier la récolte pour séparer les algues gélatineuses destinées à la consommation, les brunes destinées au tissage, et toutes les autres variétés ; enfin, étaler un humus constitué des algues asséchées et des restes des morts dans le désert entourant Viridienne, pour tenter de créer un semblant de terreau. Telle était la mission ancestrale des suantes et des suants. »

Victor Dixen nous a habitués à de longues aventures qui ont du souffle et celle-ci ne fait pas exception. Constituée de différentes parties, cette intrigue qui se déroule pourtant seulement sur quelques jours (le décompte des heures avec l’extinction amplifiant le sentiment d’urgence) offre une lecture riche : on parle d’une société futuriste qui a été contrainte de vivre avec les conséquences des gestes posés par ses ancêtres, d’un retour à des castes et une religion très présente qui édicte les règles, de quête de pouvoir, d’amitié et d’entraide, d’amour aussi avec le lien qui se tisse entre Astréa et Océrian, de dépassement de soi. Il mêle par ailleurs très habilement culte et technologie, alors même qu’on en croirait ce monde dépourvu (quelle géniale façon d’utiliser le personnage de l’oracle !).

Le roman met en outre en scène des personnages principaux nuancés, Astréa, guerrière aux croyances profondément ancrées qui vivra de grands bouleversements au fil de sa quête, Océrian qui est supposé être dur et inflexible, mais qui s’émeut d’un paysage, des vers qu’il découvre, Sépien, petite frappe qui semble être opportuniste, mais se révèle plus profond qu’il n’y parait, Malaga et ses sentiments complexes, sans compter ceux qu’ils croisent en chemin. Cela contrebalance pour les « méchants » beaucoup plus unidimensionnels…

Victor Dixen explique en fin de roman qu’il s’est passé dix ans entre ses premières notes et la version finale de ce roman et ce temps de maturation se ressent au fil de la lecture. Que ce soit dans la structure de la société, dans la création de son culte, dans la géographie du monde inventé ou la description des paysages, dans la construction de l’histoire avec ses multiples rebondissements et trahison, on voit le souci du détail, on sent que tout a été pensé. L’auteur respecte les codes du « young adult » avec une intrigue dynamique, et des personnages à fleur de peau qui vivent des émotions à travers leur quête, mais il a aussi créé un univers qui donne froid dans le dos et fait réfléchir à ce qu’il est possible de faire ici, maintenant.

Le petit plus ? La part faite aux livres et à la poésie en particulier. Astréa et Océrian rencontrent les livres chez un vieillard qui les aide en cours de route et la façon dont celui-ci en parle est magnifique, marquante. La poésie de Baudelaire et de ses Fleurs du mal accompagne ensuite tout le chemin d’Océrian, lui qui ressemble tellement à l’Albatros d’un des plus célèbres poèmes de ce recueil. Victor Dixen se fait d’ailleurs un clin d’œil à lui-même, ses personnages tombant sur un exemplaire d’Animale…  

Merci à Robert Laffont pour le service de presse !

Billet corrigé par Antidote 9 juste avant d'être publié par Sophie le 13 avril 2020.

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