Cherchant à briller sur la scène, Alix se construit à l’ombre d’un père trop présent et d’une mère absente. Dans le vide de sa routine, dans les douleurs qui prennent possession de son corps, Luce s’enlise et ne pense plus qu’à rejoindre celui qu’elle a tant aimé. Titouan a pris une décision : il ne sortira plus de sa chambre. Armand ne sait plus qui il est hors de sa fille. Gabrielle fuit toujours, une douleur sourde au creux du cœur. Et Breizh Bob ? Il fait des galettes sans prendre de commande, mais en sachant exactement ce dont son client a besoin.
Avec ce roman choral, Manon Fargetton entraine ses lecteurs en Bretagne à la rencontre de cinq personnages principaux qui ont tous une réalité propre, mais sont tous liés, de différentes façons. Abordant les thèmes de la famille, du deuil, de l’anxiété, de la quête de soi, l’autrice s’adresse aux lecteurs intermédiaires et avancés.
« Après la résiliation d'un contrat téléphonique, lit-il, les opérateurs réattribuent le numéro correspondant à un nouvel abonné dans les trois à six mois qui suivent. À l'autre bout de la ligne, il y a des vivants qui ignorent que leur numéro apparait dans le répertoire d'inconnus. Le vôtre s'y trouve peut-être. Aucun lien n'unit ces personnes, si ce n'est le hasard et une série de chiffres. »
Ce fut ma première lecture de 2021 et je suis bien heureuse d’avoir commencé par ce roman parce qu’il m’habite encore, même quelques jours après que j’aie refermé la dernière page.
C’est « un grand Manon Fargetton », une œuvre qui propose des émotions à fleur de peau, des personnages nuancés, tous aussi intéressants les uns que les autres dans leurs failles, dans leur découverte d’eux-mêmes. C’est une véritable constellation que l’autrice met en scène, chacun étoile à sa manière, qu’ils produisent de la lumière sur une scène ou dans la pénombre de leur chambre, à l’autre bout d’un écran de téléphone. Cinq personnages dont les liens sont parfois clairs, parfois flous, qui ont tous une réalité différente et une façon de s’exprimer bien à eux, la plus distincte étant Gabrielle, dont les parties, en écriture théâtrale, font écho à la structure du livre, pensé en cinq actes entrecoupés d’entractes livrés par la voix de ce narrateur bien particulier qui ne se dévoilera qu’à la toute fin. On rit, on s’énerve (Alix est assez exaspérante par moment même si on comprend que les trous dans son histoire ont créé de solides failles), on s’émeut, on s’attache à cette bande-qui-n’en-est-pas-encore-une-au-départ. À côté d’eux, il y a Tess et Amandina, Matej et Diego, Philipinna, Noël, autant de satellites qui viendront nourrir les intrigues tout au long du récit dont la construction est parfaitement maitrisée alors que les histoires coulent et s’imbriquent les unes dans les autres. Oui, certaines surprises sont plus prévisibles, mais d’autres vous laisseront sans mot. Chapeau.
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