Déménagé dans une des résidences du Cégep pour être plus près de son lieu d’apprentissage, Arthur a l’impression d’entrer dans la cour des grands. Plus de parents pour le surveiller, une gestion personnelle de son horaire et, surtout, la possibilité de faire la fête quand ça lui plait. Parce qu’Arthur a beau être d’un naturel timide et prendre ses cours au sérieux, il a un coloc des plus sociables et se retrouve bientôt à fréquenter un nouveau groupe d’amis et à (tenter de) draguer une fille qui lui plait beaucoup dans les soirées. Mais son monde bascule quand une agression se produit. Et la ligne entre vérité et mensonge est mince, flouée par la pilule de GHB ingérée de force…
Paru dans la collection Nuances, qui propose un choix à son lectorat au tiers du parcours, Viol parle de l’entrée au cégep, d’autonomie et d’adolescence, mais aussi d’agression sexuelle et de la (longue) route de la dénonciation. Pour un public avisé !
J’aime beaucoup le concept de cette collection, que j’ai découverte avec Dans le ventre d’Alice et qui fait en sorte que les lecteur.rice.s ont un choix important à faire en cours de lecture, modifiant la trajectoire du personnage principal. Ici, toutefois, j’ai été étonnée quand ce choix arrive parce qu’on n’a pas l’impression d’être à un moment crucial. Et pourtant… la suite se révèle intéressante.
En effet, si la première partie est plus lente, alors qu’on découvre le caractère d’Arthur et qu’on rencontre chacun de ceux qui constituent son cercle rapproché dans son nouvel environnement, le viol qui se produit ensuite (et dont la victime diffère selon la voie choisie) chamboule tout. Et la double possibilité fait aussi en sorte qu’on découvre deux côtés fort différents d’une même médaille, alors que Marilou Addison aborde très justement la question de la foi en les victimes, même quand la situation semble improbable. À ce sujet, j’aurais aimé un peu plus de nuance en ce qui concerne l’agresseur. À différents moments, les ficelles sont vraiment trop grosses, on voit le drame venir et, surtout, avec tous les indices révélés sur son passé, c’est énorme que ses amis réagissent comme ils le font.
Un des choix m’a par ailleurs semblé plus réussi que l’autre, plus intense, mais il est intéressant de lire les deux parce que chacun vient combler les blancs de l’autre, notamment dans la réaction des personnages secondaires et l’évolution des relations. Bref, ne lisez pas l’un sans l’autre, encore une fois le plaisir (parfois un peu pervers) est de découvrir comment les réactions changent, comment le fil de vie se trace autrement selon un choix. Le battement d’ailes du papillon…
Le petit plus ? Avec une plume fluide dans laquelle on sent toute son expérience pour créer des héros et héroïnes crédibles ainsi que des histoires accrocheuses, Marilou Addison met ici en scène un ado moyen comme on en voit pas assez, ni populaire, ni trop festif, ni rejeté. Et ça, c’est vraiment efficace pour permettre l’identification. Chapeau !
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