Semer des soleils

Billet rédigé par Laura Richard, enseignante passionnée de littérature jeunesse 

L’innocence de Théo vole en éclat le jour où, à travers les images projetées par sa télévision, il est confronté à la violence de la guerre. Des combats font rage dans un pays lointain, mais cette réalité résonne désormais tout près de lui, dans son cœur. À travers ses nombreux questionnements laissés sans réponse, Théo perd pied et se laisse envahir par toutes sortes d’émotions. Anxiété, incompréhension et sentiment d’impuissance font désormais partie de ses journées et hantent également ses nuits. Comment naviguer à travers tout cela ? Vers qui se tourner pour avoir des réponses à ses questions ? Surtout, comment dissiper ce brouillard et ramener le soleil ?

Dans ce roman graphique teinté de poésie, Andrée Poulin touche avec sensibilité et délicatesse la difficile réalité de la guerre. Toutefois, malgré la violence portée par cette thématique, l’autrice saupoudre d’espoir et de compassion son récit qui saura rejoindre petit.es et grand.es.

L’avis de Laura

J’ai immédiatement été attirée par la première de couverture de ce roman graphique. En effet, dès le premier coup d’œil, c’est un mélange de lumière et de désespoir qui vient capter l’intérêt du lecteur pour l’entrainer vers une thématique délicate, celle de la guerre. À travers les œuvres jeunesse qui abordent ce sujet, l’originalité de celle-ci réside dans le fait qu’elle est vue de l’extérieur puisque Théo, lui, est en sécurité dans son pays. Toutefois, il n’en demeure pas moins que cette guerre, si lointaine soit-elle, vient bouleverser son univers.

Mon intérêt pour ce roman a aussi pris de l’ampleur lorsque j’ai réalisé que l’autrice n’était autre qu’Andrée Poulin. Je l’affectionne particulièrement pour la façon dont elle arrive si habilement à sensibiliser et à conscientiser son public à des réalités étrangères comme elle le fait déjà si bien à travers certaines de ses œuvres telles que Y’a pas de place chez nous ou encore Enterrer la lune.

À mon avis, il est aussi impossible de passer sous silence la façon dont Andrée Poulin utilise des mots délicats et durs à la fois ou encore la façon dont elle joue avec des les effets stylistiques tels que la répétition ou l’accumulation pour alimenter l’intensité du texte de manière à le rendre plus touchant, plus percutant. Son style d’écriture me donne l’impression d’entendre les pensées de Théo qui rebondissent sans cesse dans son esprit et ainsi de ressentir le tourment qui l’accable. Cette proximité avec Théo est accentuée par le fait que Semer des soleils navigue entre le roman graphique et le recueil de poésie. Ainsi, le texte se module au ressenti, offrant tantôt un récit, tantôt un dialogue, parfois une simple phrase. Cela permet au rythme de lecture de varier de page en page au fil des émotions du jeune garçon.

Bref, il s’agit d’une avenue originale pour aborder une thématique sensible qui permet de conscientiser petit.es et grand.es à ce qui se passe dans notre monde et de réaliser comment des gestes simples peuvent faire la différence dans le cœur de certain.es.