BZRK

Une nouvelle guerre se joue et celle-ci a lieu dans l’infiniment petit, dans la viande, dans la tête. Les jumeaux siamois Armstrong ont une vision d’un monde meilleur où il n’y aurait pas de guerre, pas de famine  et pas de libre arbitre. Pour rendre ce rêve concret, ils ont monté une équipe de lignards de grand talent, capables d’infiltrer le cerveau de quiconque avec leurs nanorobots et ayant un objectif en tête : pervertir à leur cause les hauts dirigeants de six pays lors d’une réunion de l’ONU. Pour les en empêcher, une autre bande menée par le roi Lear, possédant pour sa part des biobots, presque en tout point semblables aux nanobots si ce n’est qu’ils sont créés avec une partie de l’ADN de leur propriétaire et que la défaite égale la folie, rien de moins.

Lancés dans cette folle aventure, Noah et Sadie, deux jeunes venant pourtant d’univers très différents, devront apprendre rapidement à survivre. Dans la vie réelle et dans la viande…

Roman de science-fiction qui présente  une nanotechnologie aussi crédible qu’effrayante, BZRK s’intéresse à l’infiniment petit et entraine les lecteurs à la découverte du corps humain sous une facette encore inexplorée. La guerre qui est au cœur de l’intrigue se joue donc sur deux tableaux, à la fois dans le monde que nous connaissons et dans la « viande », soit le corps humain. L’idée de la manipulation est abordée sous différentes formes, physique, psychologique, politique et émotionnelle et les rebondissements sont nombreux dans ce thriller haletant. Attention donc, la complexité de l’intrigue ainsi que le nombre élevé de personnages rendent la lecture assez corsée et difficilement adaptée aux lecteurs plus faibles.

Mon avis

Je n’ai pas spécialement accroché sur Gone, première série de l’auteur, mais je dois dire que la prémisse de BZRK m’a tout de suite attirée. Le corps humain devient une planète, un autre monde, et les descriptions qui en sont faites sont précises et efficaces. Utilisant des termes connus tels que spaghettis, arbres ou vallées pour décrire des réalités difficiles à imaginer autrement, Michael Grant parvient à entrainer son lecteur dans cet univers complètement différent ce qu’on est habitués de lire. Attention toutefois, il faut avoir un certain intérêt pour la technologie pour aborder ce roman qui est tout de même très « geek » et un minimum de connaissances techniques aident à éviter la confusion entre le nano et le macro, particulièrement au début du récit, aride et complexe, où il faut faire preuve de persévérance avant de plonger dans cette guerre folle que se livrent les jumeaux Armstrong et le roi Lear.

À ce sujet, je dois dire que la galerie de personnages est impressionnante :  Nijinski mannequin à ses heures, Vincent qui ne ressent pas le plaisir, Wilkes un peu folle… J’ai aussi aimé cette idée des soldats de Lear qui prennent des surnoms référant à des gens qui ont perdu la raison.  Sadie et Noah devenant Sylvia Plath et John Keats, ça donne envie d’en apprendre plus sur ces auteurs.

Personnellement, j’ai bien aimé et je pense que c’est un roman qui captivera autant les adultes que les adolescents. Mon seul bémol vient de la langue : le vocabulaire soutenu côtoie dans le même paragraphe des termes très familiers. Si l’on finit par comprendre que c’est peut-être pour distinguer la narration externe d’une plongée dans les pensées des protagonistes (au passage, excellente idée d’alterner la narration entre les deux camps, ce qui permet de comprendre les motivations de chacun), cela reste dérangeant. On a l’impression qu’il y a eu un problème de niveau de langue ou alors un problème de traduction si ce n’est pas un mélange des deux. Dommage donc, car cela peut perturber la lecture…

Si vous avez aimé, vous pourriez être tenté par Microphobie. 

Merci à la maison d'édition Gallimard pour le roman!