Elle a reçu son premier livre de diététique à douze ans et, depuis, elle n’a pas pris la moindre livre. Lui voit la nourriture comme une ennemie parce que c’est dans sa cuisine que sa mère, qui ne lui donne jamais le moindre geste d’affection, passe son temps. C’est chez le psy qu’ils se rencontrent et trouvent en l’autre un semblable, une oreille attentive. Mais dans le petit appartement qu’ils partagent rapidement, leur maladie finit par prendre toute la place et l’amitié ne semble pas assez forte pour les aider à s’en sortir…
Avec des traits sobres et des dessins qui installent une distance avec la réalité, La chair de l’araignée aborde le thème des troubles alimentaires avec des scènes de la vie réelle, mais aussi en plongeant dans les pensées des personnages principaux, ce qui donne des planches plus oniriques. Le tout est toutefois accessible à tous les lecteurs.
J’ai connu le scénariste Hubert avec la bande dessinée Beauté qui parlait déjà du corps et de son impact sur la vie, mais ici, dans la Chair de l’araignée (qui est d’ailleurs paru avant Beauté), il est davantage question du contrôle, du déni, du dégoût du corps.
Cette bande dessinée n’est pas classée jeunesse et pourtant elle s’est retrouvée entre mes mains, à cause de ce thème, bien sûr, mais aussi de son traitement.
En effet, il est question à la fois d’anorexie féminine et masculine dans cette bande dessinée et, surtout, de l’impact que peut avoir la solidarité entre deux personnes qui vivent la même maladie. On les voit s’enfoncer peu à peu et on perçoit la force de l’influence l’un sur l’autre. C’est dur, mais en même temps le scénario est terriblement efficace pour faire comprendre cette réalité en plus d’être bien ficelé et surprenant.
Côté illustrations, si je ne suis pas une grande fan de l’esthétique utilisée par Marie Caillou aux dessins, j’ai apprécié la distance qu’il y a entre ces images et la réalité parce que cela change notre regard. On s’identifie moins, on perçoit davantage, on comprend davantage.
En bref? Une bande dessinée nécessaire pour parler de troubles alimentaires et de l’impact des autres sur la réalité d’une personne malade.
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