Dans le monde où vit Serge Féneau, le ministère de la Politique humaine utilise des moyens absolument incompréhensibles pour réguler le nombre de citoyens. Un jour, il a déjà été décrété que tous ceux qui avaient trente-cinq ans devaient mourir et que chacun pouvait participer à la purge. S’il n’a pas aidé ses compatriotes à éliminer les hommes et les femmes de trente-cinq ans, Serge Féneau n’a pas remis la mesure en question, certain que les ordinateurs du ministère avaient trouvé de nouveau la solution la plus adéquate pour l’intérêt général. Mais voilà, la journée où il est décrété que les personnes dont le nom commence par un « F » doivent disparaitre, Serge Féneau a un choc. Devant quitter son travail, son logement et ses amis et modifier le F de son nom afin de survivre, Serge comprend qu’il y a peut-être des failles dans le système…
La lettre F est un récit kafkaïen mettant l’absurde et la liberté au cœur de son intrigue. D’abord paru sous la forme d’une nouvelle, le roman en garde la saveur et la construction tout en permettant à son personnage de visiter davantage l’univers illogique dans lequel il est placé. Accessible, le récit est cependant parfois un peu violent et s’adresse à un public avisé.
C’est dans ma quête de romans dystopiques pouvant convenir à de plus jeunes lecteurs que je suis tombée sur ce roman, atypique dans l’univers de la littérature jeunesse.
Nous ne sommes pas ici dans une dystopie au sens propre, mais dans un univers qui s’en rapproche, la société décrite étant contrôlée par des par algorithmes qui décident de tout, des relations amoureuses comme de l’heure de la mort. Alors que les héros des romans de ce genre sont souvent en guerre contre le gouvernement en place, l’auteur a choisi de mettre en scène un personnage principal surprenant. En effet, Serge Féneau est un antihéros, un homme qui accepte le système en place malgré toutes ses absurdités. Même lorsqu’il assiste à une réunion de rebelles, il refuse de lutter contre le gouvernement. Il admet que le ministère s’est sans doute trompé en voulant tuer les F, mais il ne veut pas remettre le système en cause, il veut juste survivre. En le voyant agir ainsi, le lecteur s’insurge parfois et aurait envie de le secouer, mais c’est aussi ce qui fait la force du roman, parce que le lecteur réagit pour deux, qu’il réfléchit là où Serge Féneau se laisse porter. Par ailleurs, il est à noter que la fin est délicieuse et tout à fait dans le ton.
En bref? Un bon roman pour parler de totalitarisme, de décisions arbitraires et de manipulation des masses !
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