C’est la guerre et les temps sont gris. Lorsque Bo vient s’installer dans le petit village sans nom pour y chercher du travail, on ne l’acceptera jamais totalement. Jusqu’au jour où il tombera follement amoureux de la belle Hama. Comme la majorité des habitants du patelin, tous les deux travaillent à l’usine, lui de nuit, elle, de jour. Malgré tout, ils vivront une histoire d’amour passionnée et intrigante aux yeux de tous. Mais un matin, à l’aurore, c’est le drame. Une explosion soudaine à l’usine sème la mort et la destruction. Bo retrouvera Hama dans les décombres, ses mains en moins. C’est lui qui sera blâmé, sans raison, parce qu’il est étranger. Lui ne veut que retrouver sa vie avec sa dulcinée, qui ne sera plus jamais tout à fait la même. Mais l’enfant qu’elle porte viendra tout changer et, pour survivre, ils devront fuir.
Tant que nous sommes vivants est un roman entre conte et merveilleux où il est question d’humanité, de différence et d’amour. Écrit dans une langue soignée et riche, complexe, il s’adresse aux lecteurs avancés.
C’est dans un univers assez étrange que nous plonge Anne-Laure Bondoux. Ça m’a pris quelque temps avant d’entrer complètement dans le récit, parce que l’auteur ne nous donne aucun repère. Mais rapidement, la beauté et la finesse de son écriture m’ont transporté et je me suis retrouvé dans un monde fascinant qui m’a rappelé les films de Jeunet, ou de Tim Burton.
La grande force de ce roman réside dans ses personnages colorés, complexes et attachants. Tant Bo et Hama, que leur fille Tsell et tous les autres qu’ils croiseront dans leur quête d’un chez-soi. L’écriture est simple, juste et rythmée. On sent que chaque mot a été pensé soigneusement, rien ne s’y trouve pour rien. Il y a une poésie très forte dans ce récit qui mélange habilement l’amour, l’aventure et l’imaginaire tou comme il y a grande tristesse qui transparaît de ce roman, une noirceur terrible qui n’est peut-être pas la tasse de thé de tout un chacun. Mais il y a aussi un sous-texte fabuleux, une touche de philosophie et magie qui vient illuminer la lecture.
Attention toutefois, le changement soudain de narrateur est un peu déstabilisant. Il faut sans cesse se réhabituer, mais, à tout coup, le plaisir de lire revient et on se laisse de nouveau bercer par l’histoire. Malgré une fin un peu décevante, j’ai passé un agréable moment en compagnie de ces personnages.
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Comment évoquer les aléas de la vie sans faire la morale? Les multiples péripéties d'Hama, Bo et Tsell illustrent bien à quel point la vie se nourrit de sa propre complexité. Un roman souvent sombre, mais des personnages très attachants, en effet!