Mon amie, Sophie Scholl

Billet rédigé par Geneviève Bossé, enseignante

Février 1943. Elisa attend impatiemment son amie Sophie qui tarde à rentrer. Depuis quelques semaines, la Gestapo traque jour et nuit un groupe de dissidents qui prend de plus en plus de place dans la ville de Munich, en Allemagne. Sophie fait partie de ce regroupement formé de professeurs  et d’autres jeunes, dont le frère d’Elisa, Thomas. Après avoir cru aux paroles du Führer et à son programme des Jeunesses hitlériennes, ces étudiants comprennent qu’ils ne veulent pas adhérer à cette folie. Ils rejoignent donc le mouvement de résistance La Rose Blanche. Elisa, qui ne sait pas tout des activités clandestines de ses amis, s’inquiète pour eux.  Elle hésite : doit-elle quitter la ville avant que les autorités s’intéressent aussi à elle ou doit-elle soutenir le groupe? L’implication de Sophie dans le mouvement augmente et elle prend de plus en plus de risques. La distribution de tracts prend de l’ampleur et la Gestapo ne ménage pas ses efforts pour débusquer les responsables. Une autre source d’inquiétude tracasse Elisa: où se trouve Léo, son amoureux? Étant juif, il a dû quitter l’Allemagne et la jeune fille demeure sans nouvelles. Parmi les méandres de la guerre, Elisa devra faire des choix. Des choix qui seront lourds de conséquences.

Le mouvement de résistance La Rose Blanche fut fondé au printemps 1942, à Munich. Le roman est donc basé sur des faits historiques véridiques. La majorité des personnages ont existé, mis à part Elisa, la narratrice. C’est par le biais de son journal intime que le lecteur fait la rencontre de Sophie Scholl, la sœur d’un des deux fondateurs du mouvement. L’histoire regorge en outre d’informations reliées à la Deuxième guerre mondiale et à certains événements inconnus des jeunes lecteurs. C’est un livre accessible aux lecteurs intermédiaires.

L'avis de Geneviève

Même s’il existe une panoplie de romans ayant pour sujet la Deuxième Guerre mondiale, celui-ci se distingue par l’angle un peu moins connu de cette partie de l’histoire qu’il aborde, c’est-à-dire La Rose Blanche. Le lecteur plonge littéralement au sein d’un groupe de jeunes qui rejettent complètement la folie d’Hitler. Tout d’abord, j’ai été interpellée par la fougue de ces étudiants qui ont mis leur vie en jeu pour revendiquer la paix. Leurs convictions et leurs valeurs sont fortes et le lecteur ne peut pas rester insensible à cette quête de paix et de tolérance envers la différence. Écrit sous la forme d’un journal intime, le roman est rythmé, ce qui s’accorde très bien avec les émotions d’Elisa et l’urgence d’agir des étudiants qui luttent contre ce Führer qui ne cesse de repousser les limites de l’horreur. Le personnage fictif d’Elisa s’insère d’ailleurs très bien dans cette trame historique. L’auteure a réussi de main de maitre à relier les vies réelle et fictive de ses deux héroïnes en une seule histoire où le lecteur, au cours de sa lecture, fait les liens entre les différents personnages qui croisent le destin d’Elisa. Bref, Mon amie, Sophie Scholl est sans contredit un roman à ajouter à la liste à lire des oeuvres traitant de la Deuxième Guerre mondiale.

L'avis de Jean-François

Mon amie, Sophie Scholl est un roman fort, qui tente de dépeindre l'indicible courage dont ont dû faire preuve un groupe de jeunes Allemands pour contester le pouvoir nazi. Cette facette de la guerre, qui présente des jeunes idéalistes se battant à contre-courant de leur société, mais dans le même sens que l'Histoire, marque. Comme lecteur, il en émerge de troublantes questions sur ses éventuels agissements dans un tel contexte : Et moi, qu'aurais-je fait?

Néanmoins, le roman m'a laissé sur ma faim. Cela est peut-être dû à l'insuffisance d'archives au sujet de l'héroïne, mais j'ai eu l'impression d'en apprendre trop peu sur celle qui m'intéressait. L'auteure se concentre trop à mon gout sur le personnage fictif d'Elisa, qui admet elle-même sa banalité et dont je me suis rapidement désintéressé. Quel intérêt y a-t-il à apprendre en détail sa vie fictive alors qu'on en sait si peu sur son amie, figure réelle de la résistance à Hitler?