Nées autres

Ayant grandi avec des parents homophobes, Rachel lutte de toutes ses forces quand elle se rend compte qu’elle est attirée par l’héroïne de son jeu vidéo. Mais l’adolescente a beau lutter, elle doit se rendre à l’évidence. Ce sont les filles, et spécialement sa meilleure amie, qui lui font de l’effet…

Gabrielle, elle, est une sportive qui joue à la fille hétéro même si elle a compris depuis un moment que ce n’était pas les garçons qui l’attirent. Elle sort même avec un footballeur, mais elle est davantage attirée par sa collègue du club vidéo que par lui…

Nées autres aborde l’homosexualité féminine selon deux visions et deux réalités différentes, quoique montrant dans les deux cas une situation d’isolement. Utilisant un langage proche de l’oral et un vocabulaire accessible, et racontant une histoire qui contient beaucoup d’éléments de sa propre réalité, Stéphanie Perron peut rejoindre tous les lecteurs.

Mon avis

Il y a longtemps que je voulais lire ce roman de Stéphanie Perron parce que les romans qui traitent d’homosexualité sont rares, et d’homosexualité féminine encore plus. Nées autres est donc un roman pertinent parce qu’il offre des modèles différents et réalistes. On sent d’ailleurs au fil de la lecture que c’est de l’autofiction, c’est senti, crédible. L’auteure le dit elle-même, les histoires positives existent, mais plusieurs jeunes sont isolées dans leur milieu et vivent difficilement la révélation de leur homosexualité. Nées autres veut donc leur montrer que le futur peut être positif et en ce sens il réussit bien sa mission.

Le langage qu’a décidé d’utiliser Stéphanie Perron est très oral. On distingue bien les deux voix, Rachel utilisant davantage de mots anglais que Gabrielle, mais il manque un souffle qui rendrait le tout fluide. Par ailleurs, la trame narrative semble parcourue d’ellipses plus ou moins longues qui peuvent parfois mélanger le lecteur. Oui, il faut aller à l’essentiel des histoires, mais il faut prendre garde de ne pas perdre le fil. L’écriture est donc le point faible du roman, mais ce dernier reste pertinent, pour les informations que le lecteur y trouvera et pour la réalité qui y est montrée… et qui fait réfléchir!

Merci aux édition 3 Sista pour le roman et à Pierre-Alexandre Bonin pour le regard affuté!