« -Et si je ne veux pas être ami avec toi ?
- Alors nous ne serons pas amis.
- Et si j'ai envie d'être plus qu'un ami ?
- Alors nous ne serons rien du tout. »
Emmaest une jeune fille de 16 ans en apparence sans histoire qui ne souhaite qu’être invisible. Elle n’a qu’une seule amie : Sara, et cela lui suffit. Elle n’a qu’un seul but : réussir ses études et partir étudier à l’université, loin de la maison. Le reste, elle le consacre exclusivement au sport. Mais les apparences sont trompeuses : l’adolescente cache son cauchemar quotidien et même sa meilleure amie peine à savoir ce qu’il se passe réellement. Son père est mort lorsqu’elle était enfant et sa mère n’était plus en état de s’occuper d’elle. Emma est donc venue vivre avec son oncle et sa tante, mais la famille qui s’est recréée n’est pas saine. Si Emma s’accommodait très bien de cette vie en sursis, sa rencontre avec Evan, un nouvel étudiant qui s’intéresse à la jeune fille, menace les remparts qu’elle a dressés autour d’elle pour survivre.
Magnifique roman réaliste de l’auteure américaine Rebecca Donovan, Ma raison de vivre est le premier volet d’une trilogie traitant de la maltraitance, la résilience et l’espoir d’une vie meilleure. La narration à la première personne et le récit rempli de non-dits devraient plaire à des lecteurs intermédiaires de 12 ans et plus.
« Rien n’avait changé mais tout était différent. On aurait dit une sorte de parade. Nous nous effleurions sans nous toucher, nous savions sans dire, nous sentions sans exprimer. »
Avec sa discrète couverture grise et la photographie en noir et blanc, Ma raison de vivre a toutes les allures d’une bluette. Pourtant, au-delà de la belle histoire d’amour d’Evan et d’Emma, ce roman traite d’un sujet dur: l’abus physique et verbal. L’auteure réussit à développer le sujet avec délicatesse et finesse. La romance se déploie lentement et c’est justement ce rythme lent et doux qui donne toute sa crédibilité au récit. Cette douceur est d’ailleurs vivement contrastée par les situations brutales subies vécues par la jeune fille à la maison. Colère, frustration, incompréhension, dégoût, espoir : le lecteur passe par toute la gamme des émotions.
Une chose est certaine : Rebecca Donovan livre un récit dur et captivant sans tomber dans le pathos facile. La fin de ce premier tome m’a laissée estomaquée, à bout de souffle, sans réponse. Vivement la suite!
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