Tania aurait préféré que sa mère pleure en lui annonçant qu’elle a le cancer plutôt qu’elle affiche ce sourire neutre qui veut dire « on va s’en sortir » mais qui cache bien mal tout ce qu’elles devront affronter durant les six prochains mois. Mais c’est comme ça, sa mère n’a pas lu le manuel « J’élève mon ado toute seule, au chapitre "Comment lui annoncer votre cancer?" » et il est vrai qu’elles passeront au travers. Avec des hauts et des bas, des moments de panique devant ce crabe affamé, comme des fous rires épiques en allant choisir des perruques, le tout entrecoupé de course à pied. Après tout, il faut bien se défouler quelque part!
Sous la plume acérée d’Anne Percin, le thème du cancer est ici traité avec originalité, mais surtout avec une justesse remarquable. Très court, le roman au style direct et à la langue très orale touche sans tomber dans le drame et peut rejoindre tous les lecteurs.
« - J'ai voulu prouver à ma mère que c'était pas grave de perdre ses cheveux. Je crois qu'elle avait plus peur du regard des autres que de mourir pendant son opération. C'est débile, non ? Qu'on doive se cacher pour être malade, je trouve ça dingue ! Comme si ça ne suffisait pas de souffrir, faudrait encore le faire en silence ! Et puis quoi, encore ? Et maintenant, je veux me prouver des choses à moi aussi, c'est pour ça que je me suis inscrite au cross. Y'en a marre d'avoir peur tout le temps, vous trouvez pas ? Ça sert à rien, la peur. En tout cas, ça ne fait pas avancer. »
Les livres sur le cancer sont de plus en plus nombreux, qu’il soit question du cancer du personnage principal ou de celui de ses parents. Il est vrai que le crabe dont parle à son tour Anne Percin est très présent dans nos vies et qu’il est normal que la littérature s’en fasse le reflet. La plupart des livres qui parlent de cancer sombrent toutefois plus dans le drame que celui-ci. En effet, Anne Percin arrive à doser habilement la dure réalité de la malade, permettant au lecteur de suivre avec Tania et sa mère les différentes étapes de la maladie, et le quotidien de Tania à l’école, sa réalité d’adolescente. On marche donc tout au long sur une ligne fine, les moments plus légers venant contrebalancer les scènes plus difficiles.
Avec une écriture très vive, des phrases punchées et un humour qui se s’éclate dans les détails (par exemple le surnom de Zlatan, meilleur coureur de l’équipe de crosscountry de Tania est Le troll des Balkans), Anne Percin rend cette lecture particulièrement accrocheuse et agréable. C’est tout à fait d’actualité, crédible et positif. On aime beaucoup!
Le petit plus? Anne Percin parle avec beaucoup d’humour des blogs et de ceux qui les commentent. Un charmant clin d’œil et encore une façon d’ancrer le récit dans la réalité d’aujourd’hui.
Sophielit est partenaire des Librairies indépendantes du Québec (LIQ). Cliquez ici pour plus d'informations sur ce partenariat.
Nouveau commentaire