D’aussi loin qu’elle se souvienne, Camille a toujours vécu dans la crainte de son père et a toujours connu sa mère, Caroline, comme une femme chétive, discrète, battue. Elle-même arbore à jamais des cicatrices sur les jambes, souvenir de la violence de son père. Pour Camille, la vie est ainsi et rien ne changera. Mais quand, après une soirée particulièrement violente, sa mère la réveille pour lui dire qu’elles se sauvent et qu’au bout de deux jours de voiture elles débarquent dans la famille de Caroline, au Nouveau-Brunswick, Camille se prend à espérer. Est-ce que sa vie pourrait être toujours comme ça? Sur la mer avec son cousin, avec sa mère qui semble revivre, entourée des siens? Malheureusement, son père finit par retrouver leurs traces… et Camille disparait.
Patrick Isabelle aborde le thème de la violence familiale avec ce récit qui transporte le lecteur au Nouveau-Brunswick et parle aussi avec beaucoup de finesse de famille, de résilience et des liens qui se nouent au cœur de la tempête. Rythmée par le suspense de la disparition de Camille, l’histoire est toutefois déconstruite et s’adresse aux lecteurs intermédiaires et avancés.
J’ai attendu longtemps ce roman de Patrick Isabelle et j’avais très hâte de retrouver la plume qui m’avait tant plu dans Eux. S’il n’est pas du tout dans le même genre d’histoire, le lecteur retrouve la fluidité de l’écriture, la suite de phrases courtes, mais ciselées, l’impact des mots qui rendent le récit aussi fort. Sans jamais aller trop loin, l’auteur raconte la violence familiale de façon à faire réfléchir à ses différents aspects. Il y a les victimes et les traces, indélébiles, qu’elle laisse, mais aussi les témoins et leur impuissance, tout comme les bourreaux eux-mêmes. Construisant son récit en pièces détachées, comme un casse-tête à reconstituer pour comprendre comment et pourquoi Camille a disparu, Patrick Isabelle a trouvé une façon d’accrocher son lecteur, de faire de son roman une de ces lectures difficiles à refermer avant d’arriver à la fin.
Le petit plus? Patrick Isabelle ancre littéralement son récit au Nouveau-Brunsciwck avec la langue des membres de la famille de Camille qui parlent avec un charmant mélange de français et d’anglais. Si cette caractéristique se perd un peu au fil du récit, elle place tout à fait le décor au début du récit et participe à créer une bulle autour du lecteur.
Ce livre est finaliste au Prix jeunesse des libraires 2017 !
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