Blood family

Quand Edward a été extirpé de l’appartement où un homme le gardait prisonnier avec sa mère, le garçon de sept ans surprend les employés des services sociaux qui s’en occupent. Éveillé, ouvert aux autres, le gamin semble avoir gardé toute sa tête grâce à l’écoute d’une vieille série télévisée. Il parvient même à survivre à la perte de sa mère, incapable de revenir à la réalité, et aux nombreux chamboulements des familles d’accueil. Mais plus il grandit et plus son passé le rattrape, d’abord dans l’alcool qu’il utilise comme fuite, puis dans le miroir, son visage prenant au fil des ans les traits de celui qui a été son bourreau…

Anne Fine entraine ses lecteurs dans un suspens psychologique avec ce roman qui parle de violence familiale, de génétique et de résilience, et qui remet en question l’humanité en chacun de nous. Habile, l’auteure tisse une intrigue dense et complexe à plusieurs voix, et s’adresse aux lecteurs avancés.

Mon avis

Que sont les liens du sang? Quel est le poids de l’héritage, de la génétique? Est-ce que la violence peut être évitée si elle coule dans nos veines? Comment? Est-ce que l’amour des autres peut être suffisant? Ce sont à ces questions, mais aussi à bien plus encore, qu’Anne Fine s’attaque avec ce roman qui captive dès les premières lignes. Racontée à plusieurs voix, celle d’Edward, oui, mais aussi celles de la voisine qui a dénoncé Bryce Harris, l’homme qui a tant fait de mal à sa famille, du travailleur social qui a sorti le gamin de l’enfer, de la femme qui l’a d’abord accueilli et d’autres encore, l’histoire est percutante parce que terriblement crédible. À la limite du documentaire, racontant la violence, mais aussi tout le chemin, ardu, menant à la résilience, ce roman touche, bouleverse, questionne. Un coup de poing, vous dites? Heureusement qu’il y a quand même une lueur d’espoir…

Le petit plus? Anne Fine a trouvé un moyen ingénieux de parler de son précédent roman, Le passage du Diable, dans celui-ci. Je ne vous gâcherai pas la surprise, mais cela vous donnera vraiment envie de le découvrir!

Merci à l'école des loisirs pour le roman et à Pierre-Alexandre Bonin pour la révision du billet!