Non c'est NON

Billet rédigé par Kim Daoust-Loiselle, Chroniqueuse littéraire

Attention, ce livre s'adresse à un public de 16 ans et plus.

Le secondaire est terminé. Emma, 17 ans, part travailler dans un camp d'été pour enfants défavorisés avec sa meilleure amie Laurie. Les deux jeunes femmes se réjouissent de gouter enfin à un peu de liberté. Loin de leurs parents, elles voient cet été de travail comme un prélude à une vie d'adulte tant espérée. Dès les premiers jours de l'été, Emma a le béguin pour le mignon et convoité superviseur du camp de vacances et Zackary lui fait rapidement comprendre que leur attirance est réciproque. Après quelques moments passionnés, Emma croit bien qu'une relation amoureuse est en train de naitre entre eux, mais un drame survient lors d’un soir de fête, changeant la vie de l’adolescente à tout jamais.. S'ensuivent le vide, la honte, l'angoisse et la culpabilité. Emma devra faire preuve de beaucoup de courage afin de vivre avec cet évènement…

Le sujet principal de ce roman est l'agression sexuelle et l'auteure aborde la notion de consentement et la culture du viol. Tous les moments du drame sont relatés par la narratrice; la violence qu'elle subit lors de son agression ainsi que l'enfer qu'elle vit ensuite, mais parfois Zachary devient le narrateur pour quelques pages, ce qui permet au lecteur de mieux connaitre le passé trouble de l'agresseur (sans jamais tomber dans la pitié ou l'excuser) et les pensées de celui qui a commis l’irréparable. Finalement, un dossier d'informations et de ressources, très pertinent, est inclus à la fin du roman qui s'adressant aux 16 ans et plus étant donné le sujet.

Mon avis

NON, C'EST NON; avec ce titre, le ton du roman est déjà donné. Et avec l’image de la couverture, on sait déjà que l'écriture sera franche, sans détour. Oui, plusieurs passages sont durs, l'auteure ayant décidé de ne pas faire de sous-entendus et de tout décrire. L'horreur que vit Emma est racontée avec des mots difficiles, mais avec les bons mots; réels, justes et nécessaires.

« Il trouve ça drôle. Moi, j'ai le gout de vomir. Tout ce que je peux faire pour me protéger, c'est fermer les yeux. »

Aussitôt que j'ai été informée de la parution de ce roman et de son thème, j'ai voulu le lire puisque j’avais assez confiance en la collection Tabou pour savoir que le sujet serait traité avec justesse. De fait, ce livre est une véritable mine d'or de renseignements à propos du thème de l'agression sexuelle. Dans notre société, où la notion de consentement est malheureusement encore floue et où la culture du viol est omniprésente, un ouvrage comme celui-ci est un cadeau, parfait petit à petit, les mythes et les préjugés concernant le viol. De plus, le dossier d'informations est un excellent complément à la lecture. Je trouve judicieux que l'auteure fasse des liens entre ces renseignements bien documentés et les évènements du texte, en utilisant des passages en exemples. . Il est à mettre dans les mains de tous les enseignants et des parents afin de le faire lire aux jeunes et moins jeunes qui les entourent puisque, malgré la dureté du propos, c’est un bon outil pour aborder l’éducation sexuelle. Par ailleurs, il peut certainement être d'une grande utilité pour quelqu'un qui a vécu une expérience similaire, qui pourra alors se sentir moins seule et avoir une idée plus claire de ce qui peut l'attendre, comprendre le processus judiciaire qui s'ensuit si elle décide de porter plainte et, surtout, connaitre les ressources qui peuvent l'aider et la soutenir dans ce parcours.

Le plus? Diana Bélice utilise un langage clair et vivant et met en scène des personnages attachants malgré la dureté du sujet et, si cette lecture m’a mise en colère, m’a émue et m’a fait verser quelques larmes, elle m’a aussi parfois fait sourire.À lire absolument!

Merci aux Éditions De Mortagne pour le roman.