En apparence, Annie est une élève studieuse, douée à l’école et passionnée de cinéma, et ce même si les absences de son père et le travail de nuit de sa mère font en sorte qu’elle doit travailler à la ferme familiale et gérer son jeune frère hyperactif, Carl. Toutefois, l’adolescente est perturbée par l’enlèvement vécu dans son enfance et sa seule amie est plus du genre à la blesser qu’à la soutenir. C’est d’ailleurs à la suite d’un commentaire de cette dernière sur son poids qu’Annie décide de perdre quelques livres, pour être plus jolie lors de la présentation de son dernier court-métrage, sélectionné au festival Fantasia. Mais les quelques livres se transformeront en dizaines, la quête de perfection d’Annie l’entrainant doucement d’abord, puis de plus en plus rapidement dans la spirale de l’anorexie.
Abordant le thème de l’anorexie via celui du besoin de contrôler sa vie, mais aussi ceux de la séquestration, de la pédophilie et des conséquences de tels drames sur une adolescente, Carl Rocheleau propose un roman percutant qui est accessible, mais qui vise un public avisé de 16 ans et +.
C’est la fluidité de l’écriture qui frappe d’abord, Carl Rocheleau ayant une voix bien particulière et présentant des personnages authentiques, d’une grande justesse. Fortement inspiré de ce qu’a vécu sa sœur Véronique, le récit est aussi tout à fait crédible et parvient à faire comprendre au lecteur les étapes menant à l’anorexie et le fonctionnement de l’esprit d’une anorexique. On voit d’ailleurs apparaitre au fil des pages des phrases en italique, cette petite voix intérieure qui finit par dicter le comportement d’Annie.
Le récit sur l’anorexie est très fort et devrait être lu par de nombreuses adolescentes. Toutefois, l’auteur traite d’un deuxième sujet, celui-ci beaucoup plus difficile encore. L’anorexie d’Annie vient en effet beaucoup de son besoin de contrôle, celui-ci étant une conséquence directe de l’enlèvement et de la séquestration dont elle a été victime à 10 ans. L’auteur entrecoupe d’ailleurs son récit de retours en arrière, revenant sur des moments très durs de sa captivité. Le code 16 ans et + sur la couverture est donc un avis à respecter puisqu’il est question de pédophilie et que certaines scènes sontperturbantes. C’est d’ailleurs ce qui peut déranger dans le roman, certains détails ne semblant pas nécessaires pour que le lecteur comprenne et rendant le récit trop difficile pour les plus jeunes. C’est dommage, parce que le reste du livre est vraiment bien mené et pourrait être fortement conseillé aux adolescents qu’on sent plus fragiles. Carl Rocheleau reste toutefois un auteur à surveiller !
Merci aux éditions de Mortagne pour le roman et à Pierre-Alexandre Bonin pourla révision du billet!
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