Mathilde est une fille en forme. Sportive, elle court avec l’équipe de l’école et réaliste des performances impressionnantes. Et pourtant, il suffit d’un moment dans une cabine d’essayage, devant cette robe bleue qu’elle veut tant porter pour le mariage auquel elle est conviée trois mois plus tard pour qu’elle bascule. Au début, ce n’est que de petites privations, moins de gras, pas de dessert, mais au fil des jours, des petites réussites, la nourriture devient une obsession et Mathilde perd pied…
Annelise Heurtier parle d’anorexie dans ce roman où elle a choisi de mettre en scène une adolescente sportive, forte, mais qui est fragilisée par le deuil de sa grand-mère. Court et écrit dans une langue accessible, le roman convient à tous les lecteurs.
Le complexe du papillon est un roman qui se lit rapidement. Annelise Heurtier s’est concentrée sur l’essentiel et offre une écriture fluide parsemée de jolies phrases. On croit tout à fait aux personnages qu’elle met en place, Mathilde et sa meilleure amie Louison en premier lieu, des adolescentes normales auxquelles le lecteur peut s’attacher rapidement. Personnage principal du roman, la première semble d’abord très loin de la maladie. Sportive, vivant sur une ferme et aimant bien manger, elle ne semble pas faire de cas de son physique. Pourtant, il suffit de petites choses pour qu’elle change. L’arrivée de Cézanne, une jeune fille qui était un peu boulotte l’année dernière et arrive en septembre amincie, permettant de faire croire que tout est possible, l’essayage de la robe, le désir de plaire à un garçon.
Et c’est là la force du roman, montrer que la pente est raide et rapide, que l’anorexie est une maladie insidieuse et dangereuse, parce que la personne atteinte ne s’en rend pas compte au départ et qu’ensuite, il est trop tard. L’auteure s’appuie d’ailleurs sur du concret, sur l’actualité, parle du thigh gap si à la mode, de Cara Delavigne, de la facilité de trouver de l’information, d’une communauté de jeunes qui cherchent à perdre du poids à l’ère d’internet. Si Annelise Heurtier a choisi de se concentrer sur les effets psychologiques de la maladie, a opté pour une fin heureuse et donne des pistes de réflexion dans son récit, la dernière partie est la moins forte parce qu’elle offre peu d’explications. Mathilde a eu de l’aide, oui, mais de qui? Et pourquoi se désintéresse-t-elle tout à coup de Jim? Comment est-elle passée par-dessus son deuil?
N’empêche, pour parler d’anorexie et montrer comment il est aisé de perdre pied, ce roman est à conseiller!
Merci aux éditions Casterman pour le roman et à Pierre-Alexandre Bonin pour la révision du billet!
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