Après la mort de son père, ancien soldat allemand aux prises avec un choc post-traumatique depuis la Grande Guerre, et celle de sa mère, victime de la tuberculose, le jeune Pierrot doit quitter Paris. S’il fait un bref passage dans un orphelinat, sa destination finale est en Autriche, au sommet d’une montagne où sa tante, sa seule famille, travaille. Dès son arrivée au Berghof, Pierrot est prévenu qu’il ne peut pas parler de son ami Anshel, juif, et qu’il doit faire profil bas pour ne pas déranger Monsieur et Madame, qui ne sont nul autre qu’Hitler et Eva Braun. Apeuré au départ, le garçon de sept ans change au contact d’Hitler. De doux et gentil, il devient autoritaire, violent, et sa tante se met à penser qu’elle n’aurait jamais dû le faire venir…
Avec ce roman historique, John Boyne questionne la nature humaine, l’influence des autres et la culpabilité. Accessible et rythmée, cette lecture peut convenir à tous, mais s’adresse à un public avisé étant donné la dureté de certaines scènes.
John Boyne est un des auteurs les plus lus dans les écoles secondaires grâce au roman Le garçon en pyjama rayé et il entraine à nouveau ses lecteurs dans la Deuxième Guerre mondiale avec ce livre. Si on est ici moins dans la naïveté pure qu’avec le premier roman, l’histoire n’en reste pas moins particulièrement forte.
Tout comme dans le roman Max, de Sarah Cohen-Scali, le lecteur découvre les pensées d’un jeune qui, peu à peu, est persuadé que les nazis ont raison. Toutefois, alors que Max grandissait dans cette idéologie, on assiste ici à l’évolution de Pierrot. Il est au départ un jeune garçon ouvert, attentionné et timide. Sa transformation a donc d’autant plus d’impact. L’endoctrinement se fait peu à peu, de manière insidieuse, mais prend de plus en plus de place dans l’esprit de celui qui devient Pieter et se met à croire en la supériorité de la race aryenne, de sa propre supériorité.
Écrit avec finesse, ce roman touche et fait réfléchir, notamment avec la finale qui nous montre un Pieter devenu adulte, réalisant tout ce qu’il a vu et tu, forcé de trouver une façon d’accepter ce lourd passé. Tout en informant, John Boyne fait de nouveau réfléchir : qui peut vraiment affirmer qu’il n’aurait pas changé au contact d’un tel homme, dans une telle situation?
Merci aux éditions Gallimard pour le roman et à Pierre-Alexandre Bonin pour la révision du billet!
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