« De quoi avez-vous besoin? »
Quand le réseau social NEED fait son apparition dans le lycée de Nottawa, Kaylee n’hésite pas longtemps. Elle ne sait pas si sa demande sera acceptée, mais une telle question n’entraine qu’une seule réponse : elle a besoin d’un rein pour son frère. Ne s’est-elle pas mis tout le lycée à dos avec cette demande répétitive et ses mensonges pour avoir accès aux fiches médicales de ses collègues de classe? Et que risque-t-elle à faire cette demande? D’autant que la contrepartie exigée est minime.
Toutefois, une fois que tous les jeunes du lycée sont connectés, les demandes du réseau changent et les gestes anodins deviennent dangereux. Quand certains adolescents sont retrouvés morts, d’autres prennent conscience que NEED pourrait être bien plus qu’un simple jeu… mais est-ce que cela freinera leur désir de voir leurs besoins assouvis?
Rythmé par les multiples changements de points de vue, Need est un thriller d’une terrible efficacité. Actuel, il aborde le thème des réseaux sociaux et de la liberté que donne l’anonymat d’une façon réaliste, terrifiante. Assez complexe, il convient aux lecteurs intermédiaires et avancés.
C’est le genre de lecture difficile à arrêter en court de route parce que les rouages en sont très bien huilés, qu’un passage donne systématiquement envie de lire le suivant. Déjà fort efficace dans la trilogie L’Élite, Joelle Charbonneau se renouvèle avec brio dans ce livre unique qui donne froid dans le dos.
En effet, nous ne sommes pas ici dans une dystopie, mais dans un monde très réaliste où le réseau social NEED et ses conséquences sur ses utilisateurs sont tout à fait crédibles. Jusqu’où peut-on aller pour ce qu’on désire? Jusqu’où peut-on aller quand l’anonymat est garanti?
Bien qu’il y ait une multitude de personnages (c’est un peu déstabilisant au départ), le choix de se concentrer sur certains, Kaylee en priorité, est judicieux. On s’attache à cette dernière parce qu’on comprend son amour pour son frère, parce qu’on voit qu’elle a une conscience (ce qui n’est pas le cas de tous) et qu’on peut s’identifier à elle. Autour d’elle, les autres permettent au lecteur de voir l’évolution des pensées et de comprendre certains évènements, d’en anticiper d’autres.
Seul bémol dans ce roman, la fin est un peu facile, un peu rapide. Mais c’est le prix à payer pour un tome unique. D’ailleurs, cette conclusion n’empêche qu’on croit tout à fait en la possibilité de voir naitre un tel réseau (si ce n’est pas déjà fait). Et c’est terrible, rien de moins.
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